Cambriolages, incendies, violences : la Nouvelle-Calédonie s’enfonce dans l’insécurité. Et si la vraie réponse passait par un retour à l’autorité éducative ?
Le chaos au quotidien : vols, incendies et sentiment d’abandon
Dans un contexte marqué par l’embrasement d’une usine à Pouembout et l’explosion des cambriolages violents, l’exaspération des Calédoniens est palpable. Des commerces dévalisés, des stations-service attaquées, des familles ruinées, des employés licenciés : le chaos s’installe. Pour beaucoup, la justice semble dépassée, et la prison, déjà saturée, ne suffit plus à contenir une violence endémique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près d’un cambriolage sur deux est le fait de mineurs, tout comme deux vols de voiture sur cinq. En zone police comme en zone gendarmerie, la part des jeunes délinquants reste vertigineuse, malgré une légère baisse en 2024. À cela s’ajoutent les addictions précoces à l’alcool et au cannabis, qui touchent de nombreux adolescents en rupture totale avec l’école, la famille, et l’autorité.
Centres éducatifs fermés : un modèle éprouvé, oublié en Calédonie
Face à cette situation, une alternative existe : le centre éducatif fermé (CEF). Ces structures, créées par la loi Perben en 2002, encadrent les mineurs multirécidivistes dans un cadre strict, éducatif et responsabilisant. Elles permettent une remise à niveau scolaire, un accompagnement psychologique et une réinsertion progressive dans la société.
En métropole, les résultats sont clairs : 60 % des jeunes passés par un CEF ne récidivent pas. Pourtant, l’ancien centre de Nouville est aujourd’hui laissé à l’abandon. Une aberration, alors même que le besoin local est criant.
La réhabilitation du site du sanatorium pour accueillir à nouveau un CEF, comme le propose l’élue loyaliste Muriel Malfar Pauga, serait une réponse concrète et adaptée. Doté d’une équipe pluridisciplinaire, d’un programme intensif et d’un cadre sécurisé, ce centre pourrait devenir le pivot d’une politique de rupture avec l’échec pénal traditionnel.
Une réponse crédible face à l’urgence sociale et sécuritaire
La direction de la protection judiciaire de la jeunesse de Nouvelle-Calédonie dispose déjà d’une structure, d’un cadre légal, et de personnels compétents. Mais ces outils restent insuffisants pour les cas les plus graves, où l’autorité éducative doit s’appuyer sur une contrainte structurante.
Le coût d’un CEF est élevé (environ 6 millions d’euros (720 millions de francs CFP) en métropole), mais son efficacité sociale et humaine compense largement l’investissement. D’autant que le taux d’occupation des centres existants est loin d’être optimal, faute de moyens et de personnels formés. En Nouvelle-Calédonie, une telle structure serait un levier puissant pour endiguer les parcours de récidive, restaurer l’autorité, et redonner une chance à une jeunesse brisée.
Le plan provincial de prévention 2019-2022 a déjà posé des jalons, avec la méthode « Bien dans mes claquettes », le service civique et les séjours de rupture. Mais il manque une brique centrale : le centre éducatif fermé. Un lieu capable d’isoler, reconstruire, et réinsérer.
Face à l’explosion de la délinquance juvénile, le territoire ne peut plus se contenter de demi-mesures. Restaurer un Centre éducatif fermé, c’est faire un pari sur l’avenir, l’ordre et l’éducation. Un pari coûteux ? Non. Un pari vital.