Face aux crises mondiales, les îles du Pacifique appellent à l’unité économique. Le Forum des îles du Pacifique mise sur l’intégration régionale comme clé de la résilience

L’intégration économique : un impératif de survie
Le message est clair et solennel :
L’intégration économique régionale n’est plus un objectif abstrait
a lancé Baron Waqa, secrétaire général du Forum des îles du Pacifique (PIF), en ouverture de la réunion des ministres du Commerce à Suva, Fidji. Dans un contexte mondial marqué par le protectionnisme, les guerres commerciales, les chocs climatiques et l’instabilité géopolitique, les économies insulaires, déjà fragiles, encaissent de plein fouet les pressions extérieures.
« Notre réponse doit être collective, pratique, et portée par une coopération sincère », a insisté Waqa. Pour lui, le seul chemin viable vers la résilience passe par l’union régionale. Cette vision s’inscrit dans la stratégie « 2050 for the Blue Pacific Continent », une feuille de route commune visant à défendre les intérêts du Pacifique dans un monde instable.
Des enjeux concrets sur la table
Les ministres du Commerce des pays membres du PIF – d’Australie à Kiribati, en passant par Fidji, le Vanuatu ou encore les Samoa – planchent sur les grands chantiers régionaux : le PRED (Pacific Roadmap for Economic Development) et sa suite, la stratégie « Pacific Aid-for-Trade 2026–2030 ». Au menu également : la mobilité du travail, la déclaration sur le kava, les subventions à la pêche, la numérisation et la résilience du secteur privé.
Baron Waqa exhorte à sortir des logiques cloisonnées : « Nous ne pouvons plus nous permettre des approches isolées ou une participation passive. Ce qu’il faut, ce sont des actions coordonnées, des priorités claires et une volonté politique affirmée. »
Un appel partagé pour une action stratégique
Président de cette édition 2025, Kapelieli Lanumata, ministre tongien du Commerce, a abondé dans le même sens : « Ce rendez-vous ne doit pas être perçu comme un simple événement bisannuel, mais comme un levier stratégique face aux crises multiples que subit notre région. »
Et le constat est brutal : catastrophes climatiques à répétition, vulnérabilités structurelles persistantes, crise sanitaire chronique, et économie exsangue. En 2023, les catastrophes climatiques ont coûté plus de 1,2 milliard de dollars US aux économies du Pacifique. Les maladies non transmissibles restent la première cause de mortalité, affaiblissant les forces vives. L’inflation importée, le chômage élevé (plus de 15 % dans certains États) et un endettement moyen supérieur à 45 % du PIB régional aggravent encore la situation.
Le coût de la vie dépasse les revenus pour trop de familles
a déploré Lanumata, appelant à faire de cette réunion un tournant pour la coopération régionale.