Un enfant agressé en pleine nuit dans sa maison. À Farino, cet acte de violence choque et ravive les craintes d’une insécurité galopante. Cinq maires se lèvent et exigent des actes.
L’émotion des élus face à l’agression insoutenable d’un enfant
C’est une scène que l’on croirait tirée d’un fait divers en métropole, mais qui s’est bel et bien déroulée au cœur d’un quartier calme de Farino. En pleine nuit, un individu s’introduit dans une habitation et agresse violemment un jeune enfant. Selon les premiers éléments, les faits s’inscriraient dans une tentative de vol de véhicule, mais l’irruption brutale au domicile familial laisse une communauté sous le choc.
Les maires de Boulouparis, Farino, La Foa, Moindou et Sarraméa dénoncent ensemble une escalade de la violence. Dans un communiqué commun diffusé le 21 juillet, ils expriment leur « profonde émotion » et une indignation partagée face à cet acte qu’ils qualifient de grave et symbolique.
L’agression d’un enfant à son domicile, c’est symboliquement le cœur de chacun de nos foyers de Brousse qui est touché
écrivent-ils d’une même voix. Le message est clair : ce n’est plus une incivilité isolée, mais une montée organisée de la délinquance, qui frappe même les endroits réputés tranquilles de la Brousse calédonienne.
Vidéosurveillance, gendarmes, vigiles : des mairies déjà sur le pont
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir anticipé. Les cinq communes avaient déjà massivement investi dans la vidéoprotection et mobilisé leurs effectifs de terrain, y compris jusqu’à 4 heures du matin. Les gendarmes, eux aussi, sont présents en nombre, mais cela ne suffit plus à enrayer le sentiment d’abandon croissant ressenti par les populations rurales.
Ce n’est pas un simple fait divers, c’est un tournant. La peur s’installe, et avec elle, le risque de voir des citoyens basculer dans la défiance.
affirme un élu local. Mais pour les habitants de ces communes, trop, c’est trop, comme en témoigne Michel, 53 ans, habitant de La Foa :
J’ai grandi ici, j’ai élevé mes enfants ici. Avant, on laissait les clés sur le tracteur, la porte ouverte quand on allait chez le voisin. Aujourd’hui, je vérifie trois fois si tout est bien fermé. Depuis quelques mois, ça a changé. Cambriolages, vols de carburant, maintenant l’agression d’un gosse dans sa propre maison… C’est la goutte de trop. On n’est pas des cow-boys, mais si l’État ne fait rien, certains finiront par se faire justice eux-mêmes. Et ça, personne ne le souhaite. On ne demande pas la lune : juste de vivre en paix, comme avant.
Les maires rappellent que nombre de leurs communes ne disposent ni de police municipale, ni de garde-champêtres en effectif suffisant. Un appel urgent est donc lancé à l’État pour un renfort humain et judiciaire, afin d’enrayer une spirale que beaucoup jugent incontrôlable.
Face à la peur, un front uni contre la banalisation de la violence
Ce cri d’alarme va bien au-delà d’un simple communiqué. C’est un appel à la responsabilité collective. Les maires réclament :
Une réponse judiciaire ferme et rapide, adaptée aux réalités du terrain ;
Un accompagnement renforcé pour les communes, avec de vrais moyens de prévention ;
Une mobilisation citoyenne, pour signaler les comportements suspects, soutenir les victimes et refuser la violence.
Nous ne céderons ni à la peur, ni au laxisme. Un message qui fait écho à celui des pompiers calédoniens, également scandalisés par cette nouvelle agression, qui survient après une série d’attaques contre leurs propres équipes
assurent les élus. Dans leur message publié sur les réseaux sociaux, l’Union des Pompiers Calédoniens parle de « lâcheté » et interpelle directement les parents des agresseurs :
Vos enfants risquent leur vie en se prêtant à ces incivilités.
Une prise de parole rare, mais révélatrice d’un malaise généralisé.
Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise économique et sociale profonde, les territoires ruraux refusent de devenir des zones de non-droit. En se serrant les coudes, les communes de Boulouparis, Farino, La Foa, Moindou et Sarraméa montrent que la solidarité calédonienne n’est pas un slogan, mais un réflexe de survie.