Le 23 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie envoie à la Serbie un ultimatum brutal. En 48 heures, l’Europe toute entière bascule vers la guerre totale.
Un engrenage diplomatique impitoyable s’enclenche, jusqu’à déclencher l’un des conflits les plus sanglants de l’histoire.
Une tension contenue qui explose après Sarajevo
L’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, aurait pu n’être qu’un énième drame politique. Mais l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand offre à l’Autriche-Hongrie le prétexte qu’elle attendait pour régler ses comptes avec la Serbie.
Le 5 juillet, l’Allemagne accorde un “chèque en blanc” à Vienne : quoi que l’Empire décide, Berlin soutiendra. Encouragés, les dirigeants austro-hongrois préparent une note comminatoire, rédigée pour être inacceptable.
Mais ils tergiversent. L’émotion liée à Sarajevo retombe. Raymond Poincaré et René Viviani, en visite chez le tsar Nicolas II, compliquent le calendrier diplomatique. Vienne temporise jusqu’au départ des Français, puis dégoupille l’ultimatum le 23 juillet à 18 h.
Un ultimatum inacceptable : “Suicide-toi, ou je te tue”
Dix points d’une extrême sévérité, exigeant des mesures humiliantes. Si la Serbie accepte, elle perd sa souveraineté. Si elle refuse, elle risque la guerre.
Le point le plus explosif ? Le n°6, qui impose à Belgrade d’accepter sur son sol des fonctionnaires austro-hongrois pour réprimer les mouvements subversifs. Autrement dit : une ingérence directe dans les affaires internes.
Le texte exige aussi la censure de la presse, la dissolution d’associations patriotiques, l’éviction de militaires serbes désignés par Vienne et une surveillance policière étrangère. Un diplomate britannique résume : “Il ne resterait rien de la souveraineté serbe.”
Belgrade a 48 heures pour répondre. La Serbie plie, accepte presque tout… sauf le point 6. Elle appelle à l’aide son grand allié, le tsar Nicolas II, qui commence à mobiliser discrètement ses troupes.
L’engrenage des alliances : la guerre devient inévitable
Le 25 juillet, la réponse serbe arrive à Vienne. Une heure avant l’expiration du délai, elle est rejetée. L’armée serbe se mobilise. Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
Mais à Saint-Pétersbourg, la Russie se dit prête à protéger Belgrade. La mobilisation partielle russe effraie Berlin, qui menace à son tour. Dans les coulisses, les chancelleries européennes paniquent. Chacun redoute d’être le dernier à agir.
Le chancelier allemand Bethmann-Hollweg envoie des ultimatums à Paris, Londres et Saint-Pétersbourg : si la Russie ne recule pas, l’Allemagne mobilisera. Le compte à rebours est enclenché. Les diplomates cèdent le pas aux militaires.
L’illusion d’un règlement pacifique s’effondre. Les télégrammes deviennent des ordres de mobilisation. Les trains militaires remplacent les négociations. En une semaine, l’Europe glisse dans l’abîme. La Grande Guerre commence.
Le 23 juillet 1914, avec cet ultimatum ciselé pour provoquer, l’Autriche-Hongrie ouvre une boîte de Pandore. Loin d’apaiser les tensions, elle force chaque puissance à choisir : s’humilier ou se battre.
En 48 heures, la Serbie mobilise. En trois jours, la Russie s’en mêle. Le 28 juillet, la guerre est déclarée. Un mois plus tard, toute l’Europe est en flammes. Sarajevo fut l’étincelle. L’ultimatum de Vienne fut le détonateur.