Réunie à Voh ce samedi, l’Union calédonienne a convoqué son comité directeur pour faire le point sur les discussions de Bougival. Objectif affiché : analyser « le projet d’accord » avec les militants, en huis clos, et définir la ligne à tenir pour la suite. Résultat ? Rien n’est encore tranché. Et le flou demeure, alimenté par un discours d’Emmanuel Tjibaou oscillant entre défiance et prudence.
Un « projet d’accord » sous haute surveillance
Pour Emmanuel Tjibaou, président de l’UC, le document négocié à Bougival n’est pas un accord signé mais un « projet », qui doit encore être validé par les « mandants ». Une manière habile de désolidariser l’appareil du parti de ce qui fut pourtant acté à Paris… avec la présence et l’aval d’une délégation UC.
Devant les 80 délégués rassemblés à la tribune de Gatope, les discussions ont porté sur le « flou constitutionnel » du futur statut, notamment autour du concept d’État sui generis, qui « autorise toutes les interprétations ». La disparition de la notion d’identité kanak, l’encadrement du transfert des compétences régaliennes par une majorité renforcée du Congrès, l’aval de l’État, puis un référendum final : autant d’éléments perçus comme un éloignement du droit à l’autodétermination au sens du droit international.
Pas de décision, mais une posture
L’Union calédonienne ne tranche pas. Elle temporise. Elle « consulte ses structures », renvoie à la future convention du FLNKS, et s’insurge contre les « interprétations » venues des réseaux sociaux ou des autres composantes du mouvement. Une irritation palpable chez Emmanuel Tjibaou interrogé par nos confrères d’RRB :
On n’a pas été mandatés par les réseaux sociaux. Je rends compte uniquement à ceux qui m’ont envoyé.
L’UC se veut donc souveraine dans ses décisions… tout en ne prenant aucune position claire sur le texte négocié.
Des absences qui interrogent
À noter : trois des quatre signataires de Bougival étaient bien présents à Voh (Tjibaou, Wamytan, Forrest). Mais Omayra Naisseline était absente. Selon certaines sources, elle aurait retiré sa signature – signe supplémentaire de tensions croissantes entre composantes indépendantistes.
En parallèle, le RDO tenait son propre comité directeur à Dumbéa, tandis que l’UPM se réunissait à Néhoué (Houaïlou) pour un comité central extraordinaire.
Ce qu’il faut comprendre :
➤ L’UC temporise, renvoie à ses « structures » mais ne se désolidarise pas frontalement du texte.
➤ Le mot d’ordre : ne rien acter, mais ne pas fermer la porte, laissant place à des marges de manœuvre internes.
➤ Les dissensions internes au sein du FLNKS se confirment, avec des stratégies d’isolement, voire de retrait.
À retenir : Derrière le langage prudent, l’Union calédonienne entretient un flou stratégique. Une chose est sûre : après Bougival, l’unité indépendantiste est plus que jamais en question.