Le gouvernement calédonien vient de dégainer un plan de réformes d’une ampleur inédite.
Objectif : éviter la banqueroute d’ici 2028 en restaurant l’équilibre des comptes sociaux et en redressant des finances publiques au bord du gouffre.
Une relance économique pilotée à la baguette
Relancer la machine économique est la priorité affichée par l’exécutif local. Pour ce faire, des mesures fiscales ciblées et audacieuses sont déployées : baisse de l’impôt sur les sociétés, exonération totale pendant trois ans pour les nouvelles entreprises, taxation des prestations extérieures et lutte renforcée contre l’évasion fiscale via la modernisation des conventions avec l’État et les pays partenaires.
L’accord-cadre signé le 12 mai 2025 fixe la feuille de route. Il s’agit d’atteindre, dès 2028, un rendement fiscal équivalent à celui de 2023. Et pour stimuler l’investissement et l’emploi, la réduction des cotisations patronales pour les nouveaux postes créés est aussi à l’agenda.
Côté consommation, les Calédoniens ne sont pas oubliés : exonérations ciblées sur les produits de première nécessité, péréquation logistique pour alléger le coût du fret, ouverture à la concurrence régionale, réduction des droits de douane et étude sur les marges de la grande distribution. Des leviers d’action concrets pour faire baisser les prix.
Couper dans le gras de la dépense publique
Réformer sans toucher à la dépense ? Impossible. Le plan acte une cure d’austérité assumée, centrée sur l’administration calédonienne, les établissements publics et les collectivités.
Parmi les mesures déjà adoptées : gel des avancements pour tous les agents publics pendant deux ans à partir de 2026, jour de carence, réforme de la caisse locale de retraite et baisse progressive du nombre de directions et d’établissements publics.
Le Plan d’efficience administrative (PEA) prévoit la refonte des statuts, des grilles indiciaires, l’introduction d’une prime de performance et une réduction ciblée des effectifs. Le tout dans une logique de résultats et de mutualisation des moyens.
Des ponctions ciblées sont aussi prévues : taxes affectées sur les croisières, les exportations minières, fonds publics redirigés vers l’ASSNC, recettes d’agences et de chambres réaffectées. Rien n’est épargné, y compris la « continuité pays », désormais rationalisée.
Santé, retraites, logement : des coupes chirurgicales
La santé, gouffre financier chronique, est au cœur du plan. Avec une inflation des dépenses de +3,5 % par an, des réformes de fond sont engagées : livret du médicament, franchise médicale, optimisation des transports sanitaires, e-santé, ambulatoire renforcé et rationalisation des soins hors territoire. L’objectif ? Sauver le RUAMM sans asphyxier les assurés.
Les régimes sociaux ne sont pas épargnés :
Retraites du privé : rééquilibrage dès 2026 avec transfert de cotisations et réforme paramétrique en 2027 ;
Prestations familiales : baisse de 3 milliards prévue dès 2026 ;
Allocations de solidarité : réduction de 2 500 francs par foyer, soit 300 millions d’économies annuelles ;
Logement : réforme d’urgence de l’ALT et création d’un fonds FARE pour la réhabilitation des zones sensibles ;
Handicap et autonomie : Maison calédonienne de l’autonomie, réforme Hardy et recentrage de l’accompagnement social.
Le socle social est redessiné en profondeur, dans une optique d’efficience, de ciblage des aides et de pérennisation du modèle.
Le pacte de refondation comme colonne vertébrale
Ce vaste plan n’est pas une improvisation. Il s’inscrit dans le Pacte de refondation économique et financière signé à Bougival le 12 juillet 2025 : un engagement mutuel entre l’État et le pays pour retrouver une trajectoire soutenable.
Ce pacte prévoit :
L’assainissement durable des comptes publics ;
Un allègement conditionnel de la dette, sous forme de subventions ;
Une relance ciblée (autosuffisance alimentaire, économie bleue, tourisme, ESS, économie des tribus) ;
Un contrat de développement structurant, adossé à la défiscalisation et au soutien technique de l’État.
La Nouvelle-Calédonie ne peut plus attendre. Sans cette thérapie de choc, le système social s’effondrerait d’ici trois ans. Le gouvernement joue la transparence : le changement est douloureux mais vital. La balle est désormais dans le camp du Congrès.