Trois noms en huit ans, et toujours le même flou. Le parti présidentiel, aujourd’hui baptisé Renaissance, peine à s’imposer dans le paysage politique. Gabriel Attal sonne l’alerte et propose une nouvelle mue.
Un parti en quête d’identité durable
Depuis En Marche ! en 2016 jusqu’à Renaissance en 2022, en passant par La République en Marche, le mouvement macroniste accumule les rebrandings sans jamais véritablement s’ancrer dans l’opinion publique. La dernière appellation, censée marquer une rupture post-Macron, est jugée peu lisible, peu mobilisatrice, voire confuse. Selon plusieurs cadres du mouvement, les Français ne retiennent pas le nom, quand ils ne le confondent pas avec d’autres partis comme Reconquête.
Pour Gabriel Attal, devenu secrétaire général en décembre 2024, « un nom, c’est une stratégie ». Et celle-ci semble aujourd’hui en échec. La formation macroniste a donc envoyé un questionnaire à ses militants pour évaluer leur attachement à la marque Renaissance et sonder leur appétence pour un nouveau tournant.
À la clé, une volonté claire : fédérer autour d’une nouvelle bannière, plus forte symboliquement, plus durable électoralement.
Consultation estivale pour une refondation à la rentrée
La consultation interne, lancée cette semaine, interroge les adhérents sur leur perception du nom actuel, leur usage sur le terrain, et les valeurs qu’ils associent encore au parti. Il leur est aussi demandé de résumer l’identité du mouvement en une phrase, preuve d’un doute profond sur sa clarté idéologique.
Derrière cette démarche, un objectif assumé : poser les bases d’un « nouveau récit » politique, en rupture avec la fatigue post-macronienne. L’initiative fait suite à une autre décision symbolique : le déménagement du siège parisien, désormais installé avenue Robert-Schuman, dans le 7ᵉ arrondissement. Une adresse chargée d’histoire européenne, clin d’œil à l’ADN pro-UE du parti… mais insuffisante à en faire un levier d’adhésion.
Attal veut ainsi clore une ère, en misant sur un nom porteur de sens, à l’image de La France insoumise, souvent citée en interne pour sa capacité à incarner une ligne claire et un électorat fidèle. À l’inverse, le macronisme souffrirait d’un manque de colonne vertébrale idéologique, avec des slogans perçus comme technocratiques, désincarnés, ou trop liés à l’image d’un chef désormais sur le déclin.
Une transformation sous haute tension politique
Ce réexamen de l’identité intervient dans un contexte d’usure politique pour la majorité présidentielle. En difficulté dans les sondages, concurrencée sur sa droite comme sur sa gauche, la galaxie macroniste peine à se renouveler, malgré une génération montante emmenée par Gabriel Attal. La refonte du nom vise donc aussi à préparer l’après-Macron, à l’horizon 2027.
Le malaise est d’autant plus profond que le nom Renaissance n’a jamais été validé par une consultation militante. Il a été imposé par le sommet, comme beaucoup d’initiatives du mouvement. Ce retour à la base pourrait être une manière de rétablir un lien démocratique interne, tout en renforçant la cohésion d’un camp souvent éclaté entre technocrates, élus locaux et néo-adhérents.
Mais l’opération est risquée. Changer de nom pour la quatrième fois, sans ligne politique claire, pourrait achever de brouiller le message. D’autant que, selon plusieurs sources internes, aucune proposition de rechange n’a encore émergé. Le processus est donc suspendu à la capacité des militants à proposer une identité forte, fédératrice, lisible… et surtout à convaincre l’opinion d’y croire.