Quand une équation calédonienne vire au vaudeville aéronaval
Nouméa, août 2025 — En mathématiques, certaines équations sont insolubles. En Nouvelle-Calédonie, c’est surtout Aircalin qui semble l’être.
Dernier épisode d’une série désormais mensuelle : le vol SB741 censé relier Singapour à Nouméa le vendredi 1er août n’a jamais décollé. En cause ? Une panne technique sur l’appareil. Pas celui d’Aircalin — non, celui qu’elle a loué à la dernière minute à la compagnie portugaise Hi Fly, pour remplacer un autre avion en maintenance. Vous suivez ? Pas de panique, on va poser l’équation.
L’équation infernale
Aircalin est en maintenance. Elle loue un avion portugais à la va-vite. Cet avion tombe en panne à Singapour. Et à bord, cerise sur le gâteau, se trouve le technicien censé réparer le Betico, le navire inter-îles. Résultat : pas de retour pour les passagers coincés en Asie, et pas de réparateur pour relancer la navette maritime. Double KO logistique, et effet domino garanti.
L’avion tombe en rade, le bateau aussi
Le vol SB741 devait se poser à Tontouta à 23h50. Finalement, l’appareil reste cloué au sol à Singapour. En cause : une servocommande d’aileron défaillante, pièce qui serait actuellement « en cours d’acheminement », selon Axxess Travel. Traduction : on attend toujours.
Aircalin a publié un communiqué expliquant que le vol est suspendu « jusqu’à nouvel avis » et que les passagers sont « pris en charge ». Comprendre : hébergés à Singapour en attendant mieux. Mais selon plusieurs témoignages que nous avons recueillis, certains passagers parlent de longues heures d’attente sans information fiable, ni véritable accompagnement sur place.
Mais là où le scénario frôle la comédie burlesque, c’est que le mécanicien censé remettre en service le Betico est lui aussi coincé à Singapour. Résultat : le navire, déjà privé de gyrocompas, reste à quai, et les îliens peuvent ranger leurs valises.
Une location qui coûte (très) cher
Ce qu’on retiendra, c’est qu’Aircalin a loué un avion pour remplacer un avion en panne, mais que cet avion de secours tombe lui-même en panne, et qu’en prime, il bloque un mécanicien censé réparer un navire, qui lui-même remplace une desserte aérienne en faillite.
On touche ici au génie calédonien : quand une solution devient un problème, et que le plan B plante le plan A tout en torpillant le plan C.
Une série noire qui dure
En juin, une panne avait déjà cloué au sol un vol Paris–Nouméa via Bangkok. En juillet, nouvel incident à Roissy. Août : Singapour. Chaque mois, sa panne. Chaque panne, son chaos logistique. Et toujours la même question en fond : à quand une vraie anticipation de la maintenance ? À quand une prise en compte du réel ? Avons-nous réellement la capacité à gérer nous-mêmes cette compagnie et cet aéroport ?
En Calédonie, même les plans de secours ont besoin d’un plan de secours.