Face à une inflation galopante, la Nouvelle-Calédonie débloque 629 millions de francs pour soulager les ménages. Un projet de loi du pays, taillé pour frapper vite et fort.
Une arme fiscale contre la vie chère : 60 produits allégés de taxes
Le gouvernement calédonien change de braquet face à la flambée des prix. Dans le viseur : les taxes douanières sur les produits du quotidien. Jusqu’ici cantonnée à 15 produits de première nécessité, l’exonération des droits et taxes passera désormais à 60 produits essentiels. Objectif : réduire significativement les prix en rayon et soulager le porte-monnaie des familles.
L’insularité du territoire, conjuguée aux crises économiques successives, a aggravé le phénomène de la vie chère. Chaque barquette de viande, bouteille de lait ou paquet de riz subit l’effet cumulé des coûts d’importation et des taxes. Pour casser cette spirale inflationniste, le texte prévoit une exonération ciblée, à l’exception de deux contributions maintenues : la taxe sur les produits sucrés, et la TSPA, qui protège l’agriculture locale.
Mais cette exonération ne sera pas un chèque en blanc aux importateurs. La liste des produits concernés sera strictement encadrée par arrêté, afin d’empêcher toute dérive commerciale ou hausse de marges déguisée. Une mesure défensive, pensée pour agir directement sur les tickets de caisse.
Une nouvelle définition des produits essentiels pour cadrer l’action publique
Dans cette bataille contre la vie chère, encore faut-il savoir ce qu’est un “produit de première nécessité”. Le texte entend donc fixer une définition claire, intégrée au Code de commerce local. Une première.
D’un côté, les produits de première nécessité – alimentaires, sanitaires ou vestimentaires – qui répondent à des besoins vitaux. De l’autre, les produits de grande consommation, consommés régulièrement, non durables, mais essentiels au quotidien des Calédoniens.
Cette clarification, qui est plus que sémantique, vise à donner une base juridique stable pour toutes les futures actions de régulation. Tarification, contrôle des marges, encadrement des prix : plus de flou, plus de passe-droits. Une condition indispensable pour garantir l’efficacité des exonérations fiscales et renforcer la capacité d’intervention des pouvoirs publics.
L’Observatoire des prix réformé : vers une surveillance renforcée du marché
La troisième jambe du dispositif concerne le Comité de l’observatoire des prix et des marges (COPM), véritable vigie de la formation des prix en Nouvelle-Calédonie. Créé en 2014, ce comité analyse les écarts de marges, surveille les pratiques commerciales, et aide à prévenir les dérives inflationnistes.
Mais pour répondre aux exigences du moment, l’avant-projet de loi prévoit de réformer sa composition. Objectif : renforcer son expertise technique et son indépendance vis-à-vis des opérateurs économiques. Le texte prévoit notamment d’y intégrer le président de l’Autorité de la concurrence et des représentants des chambres consulaires, pour une meilleure coordination entre les acteurs.
À terme, ce nouveau COPM pourra non seulement émettre des recommandations, mais aussi devenir un acteur clé dans la régulation du marché local, au même titre que les institutions économiques du pays. Une évolution attendue de longue date par les défenseurs du pouvoir d’achat.
Avec ces 629 millions de francs, le gouvernement veut frapper un grand coup. En allégeant la fiscalité sur 60 produits, en définissant clairement les biens essentiels et en musclant son observatoire des prix, la Nouvelle-Calédonie espère faire barrage à l’érosion du pouvoir d’achat. Reste à voir si la mécanique suivra dans les rayons et sur les tickets de caisse. Les consommateurs, eux, n’attendront pas longtemps pour juger.