Le congrès du FLNKS du 9 août pourrait sceller le virage extrême d’un mouvement jadis unitaire.
L’Union calédonienne n’avance plus masquée : cap sur la rupture, au mépris de la parole donnée.
De l’accord de Bougival au reniement brutal
À Bougival, la délégation du FLNKS avait signé en bloc, avec l’aval clair de son président. Mais, à peine les valises posées, l’Union calédonienne (UC) et ses satellites – DUS, USTKE, Parti travailliste – ont renié leur engagement. Un volte-face qui n’a rien d’un accident : c’est une stratégie.
Ce reniement n’est pas seulement un désaveu de la négociation : il traduit un retour assumé à la doctrine dure : pleine souveraineté, pleine et entière, sans compromis. L’UC a définitivement tourné le dos à son slogan fondateur : « Deux couleurs, un seul peuple » pour se draper dans un discours identitaire exclusif.
Ce basculement a trouvé son apogée avec l’élection de Christian Tein – figure centrale des émeutes de 2024 – à la tête du FLNKS. Désormais, la voix de l’UC n’est plus celle du dialogue, mais celle d’un militantisme de confrontation, quitte à plonger la Nouvelle-Calédonie dans l’impasse.
Une Union calédonienne en rupture avec la réalité
La base militante de l’UC est chauffée à blanc depuis des décennies par des slogans comme « Kanaky 2014 » ou « La terre, c’est à nous ». Ces mots d’ordre, galvanisants en tribune, se sont traduits, dans les faits, par des semaines d’émeutes, des commerces incendiés et une économie à genoux.
Pendant que ses dirigeants renient leur parole, la population paie le prix fort. Dans le Nord et les Îles, les politiques publiques peinent à répondre aux besoins élémentaires : emploi, santé, logement. Dans le Sud, la collectivité porte seule un poids économique devenu écrasant.
Plus grave : une jeunesse livrée à elle-même, parfois contrainte de survivre dans la rue, jusqu’à la prostitution. Les dirigeants de l’UC brandissent l’étendard de la souveraineté, mais abandonnent leur peuple à une précarité indigne.
Le congrès du 9 août : vitrine de la fracture
Le congrès extraordinaire du FLNKS à la Conception se veut stratégique : bilan du congrès de Saint-Louis, position sur Bougival, perspectives. Mais derrière l’ordre du jour officiel, c’est un règlement de comptes interne qui se prépare.
L’UC est déchirée entre ses courants Nord, Sud et Loyauté. La rivalité entre Mathias Waneux et Jacques Lalié illustre une guerre des chefs qui détourne le mouvement de ses priorités. Le MNIS a déjà dénoncé la ligne politique de l’UC comme stérile et contre-productive.
Pendant ce temps, d’autres composantes historiques, comme le Palika ou l’UPM, choisissent d’expliquer l’accord de Bougival à leurs militants et d’explorer une coopération avec les loyalistes. Une démarche pragmatique que l’UC balaie d’un revers de main, au nom d’un nationalisme absolu et exclusif.
En reniant Bougival, l’Union calédonienne a choisi la radicalité plutôt que la parole donnée. Ce virage identitaire l’isole, fragilise le FLNKS et laisse une population sans réponses concrètes. Le 9 août dira si ce choix mène à une victoire politique… ou à un isolement irréversible.