Figure de roi guerrier et de saint, Louis IX a marqué l’histoire française autant par son épée que par sa foi.
Le 11 août 1297, il est élevé sur les autels.
À travers son règne, la France atteint l’apogée de son prestige médiéval. Mais derrière la légende dorée se cache aussi un homme de son siècle, intransigeant dans sa piété comme dans sa justice.
L’enfance d’un roi façonné par Blanche de Castille
En novembre 1226, Louis IX devient roi à seulement douze ans, à la mort de son père Louis VIII. La régence revient à sa mère, Blanche de Castille, femme de fer et de foi, qui transmet au jeune souverain une vision exigeante du pouvoir : servir Dieu avant tout.
Mon fils, je préfère te voir mort que coupable d’un péché mortel, lui assène-t-elle.
Cette éducation rigoureuse le conduit à soutenir les pauvres, à financer la construction de la Sainte-Chapelle — joyau gothique destiné à abriter les reliques de la Passion — et à affirmer l’autorité royale face aux grands féodaux.
Sous son règne, la France s’impose comme le royaume le plus puissant de la chrétienté. Louis IX rend la justice en personne, souvent « sous un chêne à Vincennes », et veille à ce que ses officiers jugent riches et pauvres avec équité. Sa piété, jugée excessive par certains, lui vaut le surnom moqueur de « frère Louis ».
Le roi croisé et intransigeant
En 1244, gravement malade, Louis IX fait vœu de croisade. Quatre ans plus tard, il embarque à Aigues-Mortes pour l’Égypte. Les succès militaires initiaux cèdent vite la place à la défaite et à la captivité. Libéré, il reste quatre ans en Terre sainte avant de regagner Paris.
Roi ascétique, il se prive volontairement de confort, lave les pieds des mendiants et soigne les lépreux. Mais sa vision de la foi est sans concession : il combat hérétiques, blasphémateurs et prostituées avec une rigueur impitoyable. Les Juifs, accusés d’« usure », subissent expulsions et autodafés de leurs textes religieux. Pour lui, purifier le royaume est un devoir royal.
En 1270, malgré son âge et la chaleur accablante, il reprend la croix pour Tunis. Malade et épuisé, il meurt le 25 août, laissant à son fils Philippe des instructions mêlant justice, charité et fermeté :
Soutiens le pauvre contre le riche, jusqu’à ce que tu connaisses la vérité.
Une canonisation politique et rapide
Dès sa mort, la rumeur de sainteté entoure le roi. Témoignages, miracles et récits de compagnons comme Joinville alimentent un procès en canonisation qui, pour l’époque, avance vite : vingt-sept ans. Mais l’affaire est aussi politique.
Philippe le Bel, petit-fils de Louis IX, voit dans la sainteté de son aïeul un atout diplomatique. En 1294, le pape Boniface VIII accélère la procédure. Le 11 août 1297, la bulle Gloria Laus proclame Louis IX « Saint Louis de France » et fixe sa fête au 25 août.
L’année suivante, Philippe organise la translation solennelle des reliques à Saint-Denis et commande un reliquaire en or.
Ainsi, Louis IX devient à la fois figure de piété médiévale et instrument d’affirmation monarchique, incarnant pour des siècles l’idéal du « roi très chrétien ».
Plus de 700 ans après, son image reste gravée dans l’imaginaire national.