Depuis des mois, le Mont-Dore s’enlise dans un quotidien rythmé par les blocages, les embouteillages interminables et l’insécurité routière. Pendant ce temps, ailleurs, les projets avancent à vive allure, financés et planifiés au cordeau.
Un chantier ambitieux… mais pas là où ça brûle
Le 8 août 2025, le gouvernement calédonien a officialisé le lancement de la consultation pour la construction d’un nouveau pont sur la rivière de la Tontouta. Situé entre Païta et Boulouparis, cet ouvrage colossal est chiffré à 2,4 milliards de francs CFP, avec un début de chantier prévu en 2026 et une livraison annoncée pour fin 2028.
Les autorités coutumières de Drubea-Kapumë et Xârâcùù ont été consultées, les maires des communes concernées associés au projet, et un appel d’offres a été lancé. Les cinq lots prévoient tout : ouvrage d’art, chaussées, réseaux secs, éclairage et signalisation. En bonus, un parking et une zone de loisirs pour valoriser la rivière.
Le gouvernement présente ce pont comme un levier de développement économique et un gage de sécurité routière. Sauf que pour le Mont-Dore, où les habitants vivent avec des routes saturées et une mobilité entravée depuis des mois, ce choix ressemble à une gifle.
Mont-Dore : neuf mois d’isolement… et toujours rien à l’horizon
Dans un communiqué tranchant, l’association Citoyen Montdorien rappelle que la route de Tontouta n’a jamais été coupée pendant neuf mois, n’a pas connu les car jackings ni les déplacements sous escorte de gendarmerie.
Au Mont-Dore, c’est l’inverse : blocages à répétition, isolement, sentiment d’abandon. Pas de pont, pas de déviation, pas de solution concrète, seulement des promesses floues et des annonces sans calendrier.
Mont-Dore oublié, Mont-Dore laissé pour compte
dénonce l’association. Pour cette association il y a une injustice territoriale : un chantier de prestige là où la circulation reste fluide, et aucun plan d’urgence là où la population vit sous pression quotidienne.
Des priorités gouvernementales qui posent question
Au Mont-Dore le Gouvernement se moque de nous.
Un message sans appel de l’association. Le choix de prioriser le pont de la Tontouta interroge. Certes, l’ouvrage facilitera les flux entre Païta et Boulouparis, améliorera la sécurité et offrira de nouveaux espaces de loisirs. Mais l’urgence n’est pas là.
Pour le Mont-Dore, chaque jour perdu aggrave l’exaspération des habitants et la fracture territoriale. Les fonds publics colossaux investis dans un projet non vital à court terme pourraient changer la vie de milliers de Calédoniens s’ils étaient affectés à des infrastructures réellement urgentes. L’association mont-dorienne ne mâche pas ses mots :
Notre sécurité, notre mobilité et notre dignité doivent devenir des priorités. Pas dans dix ans. Maintenant.
Si le gouvernement persiste dans cette voie, il devra assumer un symbole lourd : celui d’un pays où toutes les urgences ne se valent pas, et où certaines communes peuvent attendre indéfiniment.