Alors que Paris prépare des coupes budgétaires historiques, les acteurs économiques d’Outre-mer sonnent l’alarme.
En Nouvelle-Calédonie, la polémique enfle, mêlant défense de l’emploi et soupçon de scandale.
Un budget 2026 sous tension pour les entreprises ultramarines
Le gouvernement prépare, pour le budget 2026, des coupes d’une ampleur inédite dans les dispositifs de soutien aux entreprises d’Outre-mer. Un front uni d’organisations patronales – de la Guadeloupe à la Polynésie – dénonce une atteinte directe à la compétitivité, à l’investissement et à l’emploi. C’est ce qui découle d’une lettre de la FEDOM (Fédération des entreprises ultramarines), adressée le 8 août dernier à Manuel Valls.
Selon elles, la suppression ou la réduction des régimes spécifiques reviendrait à aggraver le handicap structurel des économies ultramarines : éloignement, insularité, coûts logistiques, vulnérabilité climatique. L’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne reconnaît pourtant la nécessité de mesures adaptées à ces contraintes.
Les chiffres de l’INSEE confirment un taux de chômage élevé : plus de 14 % dans les DROM-COM, et jusqu’à 30 % chez les 15-24 ans. L’IEDOM ajoute que les défaillances d’entreprises progressent plus vite Outre-mer qu’en métropole depuis début 2025, aggravant la fragilité économique.
Des engagements gouvernementaux remis en cause
Ces coupes budgétaires contredisent les promesses faites lors du CIOM 2023 (Comité interministériel des outre-mer), qui affirmait vouloir renforcer l’investissement et l’emploi. La LODEOM sociale, pilier des exonérations de charges, serait réduite de 150 à 350 millions d’euros ( de 18 milliards à 42 milliards CFP).
Les dispositifs fiscaux, déjà diminués en 2024, subiraient une nouvelle réduction de 10 % des taux, y compris pour la reconstruction post-émeutes en Nouvelle-Calédonie. Pour les petites et moyennes entreprises, ce serait un coup très dur : moins d’investissements, plus de chômage et une vie chère accentuée.
Les signataires dénoncent une logique contraire aux orientations affichées par le Premier ministre, qui affirme vouloir soutenir ceux qui produisent et innovent. Ils réclament le maintien intégral des avantages différenciés, garants de l’équilibre social et économique des territoires.
Nouvelle-Calédonie : la polémique autour de David Guyenne s’invite dans le débat
La mobilisation a été signée pour la CCI Nouvelle-Calédonie par son président, David Guyenne. Or, celui-ci a été placé en garde à vue récemment et est soupçonné d’abus de biens sociaux.
S’il demeure présumé innocent, plusieurs voix estiment que son maintien en fonction ternit l’image de la chambre consulaire, surtout après les émeutes du 13 mai qui ont frappé des centaines d’entreprises calédoniennes.
Pour les acteurs économiques, l’heure est à la défense de l’emploi et de l’investissement, pas à la division interne. Beaucoup appellent à un geste fort : mise en retrait ou démission afin de préserver la crédibilité de la mobilisation face à Paris.
En s’attaquant aux dispositifs qui maintiennent à flot des économies déjà fragilisées, Paris prend le risque d’allumer une double mèche – celle de la crise sociale et celle de la défiance politique. Outre-mer, la colère monte… et pourrait exploser bien avant 2027.