Alors que la colère sociale monte dans l’administration publique, un syndicat clé du paysage calédonien prend une position à contre-courant.
La UT CFE-CGC Nouvelle-Calédonie ne battra pas le pavé le 14 août, préférant la table des négociations à l’épreuve de force.
Un choix stratégique face à l’appel de la Fédération des fonctionnaires
Depuis plusieurs semaines, la Fédération des fonctionnaires multiplie les appels à manifester contre les réformes engagées par le gouvernement Ponga. Dans son viseur : une série de mesures jugées pénalisantes pour les agents publics et pour le service rendu à la population. Le 14 août 2025, elle compte faire descendre ses troupes dans la rue pour exprimer son désaccord.
Mais dans ce paysage syndical souvent marqué par le rapport de force, la l’ UT CFE-CGC Nouvelle-Calédonie fait entendre une autre musique. Deuxième force syndicale du territoire, première organisation dans l’encadrement de Nouvelle-Calédonie, elle a annoncé qu’elle ne rejoindrait pas le cortège. Un choix mûrement réfléchi, qu’elle assume pleinement.
Le 22 août, soit quelques jours après la manifestation, ses représentants seront reçus par la commission du Congrès. Objectif : présenter les résultats d’une enquête menée auprès de ses adhérents sur l’effort demandé aux agents publics et défendre ses propres propositions. Une stratégie de présence dans les instances plutôt que dans la rue.
Miser sur la négociation plutôt que sur la confrontation
La ligne défendue par l’UT CFE-CGC NC est claire : ne pas se couper des discussions en cours. Le syndicat rappelle qu’il participe activement à tous les groupes de travail sur les réformes. Selon lui, c’est en restant autour de la table qu’il pourra peser sur les décisions et faire avancer ses revendications.
Dans son communiqué, l’organisation syndicale insiste sur la responsabilité et la cohérence de sa démarche. Dans un contexte économique tendu, elle affirme que chaque journée perdue en grève peut fragiliser davantage les entreprises et les finances publiques, et donc, indirectement, les salariés eux-mêmes.
Le syndicat se veut force de proposition : il dit préférer livrer bataille sur les textes et les chiffres plutôt que sur les trottoirs et les banderoles. Dialoguer, négocier, amender : telle est la méthode revendiquée. Et si les discussions sont parfois tendues, la CFE-CGC NC affirme les assumer plutôt que de céder à la facilité d’un retrait pur et simple des débats.
Une posture réformiste assumée
La CFE-CGC NC revendique une identité réformiste, loin des postures de confrontation systématique. Son objectif affiché : défendre les salariés tout en préservant la stabilité économique et sociale de la Nouvelle-Calédonie.
Dans son communiqué, elle souligne que l’action syndicale ne se résume pas à la grève. Pour elle, il s’agit aussi de préserver des acquis sociaux patiemment obtenus, tout en proposant des solutions adaptées à la réalité du territoire.
Nous préférons chercher un terrain d’entente que d’ajouter des tensions dans une situation déjà difficile, martèlent ses responsables.
Ce positionnement lui vaut parfois d’être critiqué par les syndicats plus combatifs, qui y voient un manque de fermeté. Mais la CFE-CGC NC répond que la fermeté ne se mesure pas au nombre de jours de grève, mais à la capacité d’obtenir des avancées concrètes.
Maintenir la voix des salariés dans les instances
Le pari de la CFE-CGC NC est risqué : en refusant de rejoindre le mouvement du 14 août, elle s’expose à l’accusation de « trahir » la cause commune des fonctionnaires. Pourtant, ses dirigeants affirment qu’il s’agit d’un calcul stratégique : en restant dans le jeu institutionnel, ils peuvent continuer à défendre leurs propositions.
Le 22 août, lors de leur rencontre avec la commission du Congrès, ils comptent mettre sur la table un plan de mesures réalistes, élaboré après consultation interne. Ce document synthétise les attentes des adhérents, notamment sur la répartition équitable de l’effort budgétaire et sur la protection des conditions de travail dans le secteur public.
La CFE-CGC NC se dit prête à durcir le ton si le dialogue échoue, mais refuse d’entrer dans une logique de bras de fer prématuré.
Nous ne sommes pas là pour jouer les martyrs, mais pour obtenir des résultats, résume un cadre syndical.
En refusant la grève du 14 août, la CFE-CGC Nouvelle-Calédonie se positionne comme un acteur de la responsabilité syndicale. Elle parie sur la concertation pour défendre ses adhérents, convaincue qu’une approche constructive reste la meilleure voie pour préserver les intérêts des salariés et la stabilité du territoire.
Un pari qui ne sera validé que par les résultats obtenus dans les semaines à venir. Car dans le bras de fer social qui s’annonce, c’est bien sur le terrain des avancées concrètes que se jouera la crédibilité de chaque organisation.