L’aide au logement en Nouvelle-Calédonie entre dans une nouvelle ère. Face à la crise économique et à la désorganisation du financement, le gouvernement Ponga a tranché : modernisation, recentrage et contrôle renforcé.
Une réforme qui vise à mettre fin à une décennie d’iniquités et de dérives.
Un dispositif vital mais à bout de souffle
Créée en 2007, l’aide au logement calédonienne soutient plus de 9 000 foyers aux revenus modestes, qu’ils soient locataires d’un logement conventionné ou résidents en établissement pour personnes âgées agréé. Pour 2024, son budget atteint 3,376 milliards de francs, financés par la Nouvelle-Calédonie et le Fonds social de l’habitat (FSH).
À l’origine, les trois provinces devaient aussi contribuer, mais elles se sont retirées en 2012. Résultat : un financement bancal qui a fragilisé la pérennité du dispositif. En pleine tension budgétaire, le gouvernement a décidé d’agir.
L’avant-projet de loi prévoit un transfert complet de la gestion à la CAFAT, acteur déjà rompu à la gestion des prestations sociales. Cette caisse pourra croiser les données fiscales pour renforcer le contrôle des ressources et limiter les fraudes.
Un financement revu pour plus de stabilité
Jusqu’ici, la règle voulait un cofinancement « à parts égales » entre la Nouvelle-Calédonie, le FSH et les provinces. Ce principe disparaît. Les provinces pourront contribuer sur une base volontaire, tandis que le FSH et elles-mêmes seront autorisés à dépasser l’ancien plafond légal de participation.
Ce changement vise à sécuriser les recettes et à éviter les crises récurrentes. Le texte permet aussi d’adapter rapidement les paramètres de calcul : hausse de la part minimale du locataire, ajustement des loyers plafonds ou encore modulation selon le type de logement. Objectif : réduire les dépenses sans sacrifier les plus fragiles.
Des conditions d’octroi modernisées et un contrôle renforcé
La réforme revoit aussi les règles d’éligibilité. Les logements devront simplement respecter les normes légales et réglementaires, sans convention formelle avec la collectivité. Les associés de sociétés civiles immobilières à vocation d’habitat ne seront plus éligibles.
Pour les étudiants, l’aide sera versée sur dix mois correspondant à l’année scolaire, avec exceptions prévues (stages notamment). Les barèmes intégreront désormais les revenus du concubin ou partenaire, ainsi que de toutes les personnes vivant au foyer, et pas seulement celles à charge.
En cas de manquements ou de fraudes, le régime de sanctions sera durci : amendes administratives jusqu’à 500 000 francs (doublées en cas de récidive) et suspension de l’aide jusqu’à deux ans.
La commission d’attribution pourra voir ses règles de fonctionnement assouplies : quorum réduit, participation en visioconférence et pilotage renforcé par la Nouvelle-Calédonie.
Les demandes et renouvellements deviendront obligatoirement dématérialisés, accélérant les procédures et réduisant les coûts.
Pour le gouvernement Ponga, cette réforme est un acte de sauvetage : sans elle, l’aide au logement aurait continué à dériver dans un système coûteux, inégal et vulnérable aux abus. Avec cette refonte, l’exécutif entend remettre de l’ordre, protéger les plus modestes et garantir la pérennité d’un dispositif vital pour des milliers de familles calédoniennes.