(Crédit Photo : RRB)
Une image qui en dit long
Il arrive parfois qu’une simple photo en dise plus qu’un long discours. Celle de la dernière conférence de presse du FLNKS est de celles-là. Sur les six figures installées autour de la table, un seul seulement avait été élu par le suffrage universel : Sylvain Pabouty. Les cinq autres – Laurie Humuni, Dominique Fochi, Henry Juni, Marie-Pierre Goyetche et Christian Tein (présent en visioconférence) – n’ont jamais reçu de mandat populaire. Pourtant, c’est avec cette composition que l’on entend discuter et orienter l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
Une représentativité en question
La démocratie repose sur un principe simple : ceux qui parlent au nom du peuple doivent avoir été choisis par lui. Ici, la majorité des intervenants sont issus du monde syndical ou associatif, et certains ont construit leur légitimité sur la rue plutôt que dans les urnes. Marie-Pierre Goyetche, figure syndicale, et Henry Juni, secrétaire général du CNTP, en sont l’illustration. Ce dernier traîne par ailleurs un lourd passif judiciaire, avec plusieurs condamnations, dont 22 mois de prison ferme en 2020. Le contraste est saisissant entre l’enjeu – l’avenir du pays – et le profil de certains des acteurs invités à en débattre.
Le poids des acteurs non élus
Christian Tein, leader incontesté de la ligne dure du FLNKS depuis les événements de mai 2024, n’a lui non plus jamais été élu. Son influence repose sur son rôle de porte-voix militant, non sur un mandat électif. Que ces personnalités soient influentes, nul ne le conteste. Mais leur légitimité démocratique est absente, et cela change tout lorsqu’il s’agit de négocier des accords qui engageront l’ensemble de la population.
La démocratie ne se délègue pas
Ce cliché soulève une question essentielle : peut-on bâtir l’avenir d’un pays sur la base de discussions menées par une majorité d’acteurs non élus ? Le risque est clair : à force de s’éloigner du verdict des urnes, on fragilise la confiance des citoyens et on donne du crédit à l’idée qu’un petit cercle militant peut parler pour tous. La démocratie, si elle veut rester vivante, doit se jouer dans les urnes, pas autour d’une table où le suffrage universel n’a plus droit de cité.