En Nouvelle-Calédonie, la pression sur les prix recule légèrement en juillet, offrant un répit bienvenu aux ménages… mais surtout aux statistiques officielles. Derrière ce repli mensuel se cache une réalité moins encourageante : pour les plus modestes, la facture annuelle continue de grimper nettement plus vite que la moyenne.
L’inflation change de visage, mais elle reste profondément inégalitaire.
Services, énergie et alimentation : un recul visible mais inégal
En juillet, tous les grands postes de consommation reculent, à l’exception du tabac, qui reste figé. Les services (-0,3 %) sont tirés vers le bas par une baisse marquée du transport aérien international (-1,5 %) et maritime (-7,3 %), mais aussi par des loyers privés en retrait de 0,7 %. Le ralentissement de la demande touristique et la concurrence sur le marché locatif expliquent en partie cette tendance.
Côté énergie, la baisse se poursuit pour le troisième mois consécutif (-0,7 %), portée par le recul des carburants : essence à 155,4 F/L (-1,1 %) et gazole à 135,0 F/L (-2,2 %), soit les tarifs les plus bas depuis février 2022. Une embellie à la pompe, même si l’électricité, le gaz et le charbon restent stables.
L’alimentation connaît sa première baisse depuis décembre 2024 (-0,3 %), principalement grâce à la viande (-1,3 %), aux pains et céréales (-0,7 %) et aux condiments et soupes (-2,2 %). Mais cette détente est contrebalancée par des hausses sur les fruits (+1,6 %), les produits laitiers (+0,6 %) et les produits sucrés (+1,1 %). Les habitudes alimentaires des Calédoniens influencent donc fortement la perception réelle de l’inflation.
Produits manufacturés : la déflation se confirme
Les produits manufacturés enregistrent un troisième mois consécutif de recul (-0,3 %). Les baisses touchent l’automobile (-0,4 %, notamment les véhicules d’occasion), les smartphones (-3,2 %), les chaussures (-1,9 %) et le matériel informatique (-2,2 %). Les promotions commerciales sur l’électroménager (-1,2 %) accentuent ce mouvement.
Seuls les produits ménagers non durables, comme les lessives et produits d’entretien, progressent (+0,8 %), limitant la chute globale. Sur un an, la baisse atteint -4,6 %, preuve d’une tendance durable à la déflation dans ce secteur.
Le tabac, lui, demeure parfaitement stable, traduisant l’absence de nouvelles hausses fiscales ou réglementaires sur ce produit.
Les ménages modestes : double peine face à l’inflation
Pour les 20 % de ménages les plus modestes, la baisse mensuelle est plus marquée (-0,4 %), surtout à cause de l’alimentation (-0,7 %). Mais c’est sur douze mois que l’écart devient frappant : +1,8 % contre +0,8 % pour l’ensemble des ménages.
Plusieurs postes expliquent ce décalage : l’énergie (+4,4 %), le transport (+5,8 %) et surtout la restauration et l’hôtellerie (+9,7 %), qui pèsent davantage dans le budget de ces foyers. Ces chiffres confirment que l’inflation réelle ressentie par les ménages modestes est bien plus élevée que celle mesurée pour la population globale.
Cette situation illustre un problème structurel : la méthode de calcul officielle de l’IPC repose sur un panier moyen, qui ne reflète pas toujours la réalité des dépenses des foyers à faibles revenus. Plus leur consommation est concentrée sur les produits en hausse, plus leur pouvoir d’achat est fragilisé.