Réuni le 9 août à la tribu de Nepa, le 45ᵉ congrès extraordinaire du Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) a annoncé son rejet catégorique du projet d’accord de Bougival. Dans une lettre officielle adressée directement au président Emmanuel Macron, Christian Tein a confirmé la position du mouvement. Pourtant, ce même Tein avait donné son aval, quelques semaines plus tôt, à la signature du texte. Une volte-face qui ne passe pas inaperçue.
Une posture minoritaire
Le FLNKS affirme parler au nom du peuple kanak, mais il ne représente plus la majorité des forces indépendantistes. D’autres composantes, y compris au sein du camp indépendantiste, jugent que l’accord de Bougival constitue une avancée et qu’il permet de préserver le dialogue avec Paris. Le rejet pur et simple du texte par le FLNKS illustre davantage une ligne dure, éloignée de la diversité des sensibilités indépendantistes.
Un rejet adressé au sommet de l’État
La portée politique de ce courrier n’échappe à personne : en s’adressant directement à Emmanuel Macron, Christian Tein tente de donner du poids à sa posture de fermeté. Mais au lieu d’ouvrir la porte à une discussion constructive, le FLNKS réduit le champ du dialogue aux seules « modalités de l’accession de Kanaky à la pleine souveraineté ». Une ligne maximaliste qui isole le mouvement et complique la recherche d’un compromis acceptable par tous.
Une contradiction flagrante
Le plus troublant reste le revirement de Christian Tein. Après avoir validé l’accord de Bougival en coulisses, il en dénonce aujourd’hui le contenu, comme si la ligne politique du FLNKS se décidait au gré des humeurs ou des rapports de force internes. Une attitude qui fragilise la crédibilité du mouvement et brouille le message envoyé, non seulement à Paris, mais aussi aux Calédoniens qui attendent des réponses claires.
En adressant ce courrier à Emmanuel Macron, le FLNKS voulait sans doute montrer sa détermination. Mais en multipliant les contradictions et en refusant d’assumer ses propres engagements, il prend surtout le risque de se marginaliser. Car si les indépendantistes radicaux veulent peser réellement dans l’avenir institutionnel, c’est bien l’unité, la constance et la cohérence qui feront la différence.