Les sièges vides ont sonné comme un camouflet pour la démocratie calédonienne. Faute de quorum, la séance de questions au gouvernement a été annulée, une première depuis 1999.
Un Congrès paralysé par l’absentéisme des élus
Ce mardi 19 août, les 54 élus du Congrès de Nouvelle-Calédonie étaient convoqués pour la traditionnelle séance de questions au gouvernement. Une exigence prévue par la loi organique statutaire : au moins deux séances par an doivent se tenir. Mais dans l’hémicycle du boulevard Vauban, les bancs sont restés clairsemés. Seuls les groupes Loyalistes et Rassemblement avaient répondu présents, aux côtés de quelques membres du gouvernement et de la présidente de l’institution, Veylma Falaeo. L’absence de quorum a conduit à l’annulation de la séance, du jamais vu depuis l’instauration du gouvernement collégial en 1999. Un symbole inquiétant de l’absentéisme politique.
Des élus sans sanction, contrairement à la métropole
Le report envisagé au mercredi 20 août s’est heurté à la réunion hebdomadaire du gouvernement, et la séance a finalement été renvoyée sine die. De quoi nourrir le malaise au moment même où Manuel Valls entamait une visite de quatre jours. Alcide Ponga a regretté cette paralysie institutionnelle, tandis que Virginie Ruffenach a déploré l’absence de Gilbert Tyuienon, membre du gouvernement chargé de la sécurité routière, alors que les routes calédoniennes comptent déjà 23 morts cette année. Mais plus grave : aucune sanction n’est prévue pour les élus absentéistes. L’institution ne tient pas de registre officiel de présence, et aucune retenue n’est possible sur les indemnités, celles-ci étant versées par les provinces. En revanche, l’Assemblée nationale sanctionne sévèrement ses députés : 362 euros (43 440 CFP) d’amende par absence injustifiée en commission et jusqu’à 8 500 euros (1 020 000 CFP) pour une faible participation aux scrutins. La Polynésie française, elle, applique aussi des pénalités pécuniaires : 25 000 francs CFP par absence non justifiée.
Une démocratie locale fragilisée par l’impunité des élus
En Nouvelle-Calédonie, seuls le président du Congrès et le président de la commission permanente sont rémunérés directement par le Congrès autres indemnités dépendent des provinces, ce qui dilue toute responsabilité collective. Si la province Sud a prévu des retenues en cas d’absences répétées, cette pratique reste marginale et peu appliquée. Résultat : l’image des institutions se dégrade et nourrit un sentiment de défiance déjà vif chez les citoyens
Car à l’heure où les finances publiques sont scrutées à la loupe, voir des élus “sécher” les séances sans conséquence relève du scandale politique. La comparaison avec la métropole et la Polynésie souligne le retard calédonien en matière de rigueur parlementaire. Sans mécanisme de sanction clair, l’absentéisme mine la crédibilité du Congrès et affaiblit la démocratie locale.