Une île sous tension sanitaire, et un État qui choisit de s’engager. À Bourail, Manuel Valls a annoncé une brigade médicale itinérante pour soulager les dispensaires.
Un signal fort de l’État face à une crise sanitaire alarmante
La visite de Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-mer, au centre médico-social (CMS) de Bourail a marqué un tournant. Aux côtés du haut-commissaire Jacques Billant et de la présidente de la province Sud, Sonia Backès, il a dévoilé un dispositif inédit : cinq soignants venus de métropole (trois médecins, un dentiste et une sage-femme) seront déployés en itinérance sur tout le territoire. Leur mission : pallier la pénurie dramatique de personnels de santé qui frappe la Nouvelle-Calédonie.
Financée intégralement par l’État à hauteur de 163 millions de FCFP, cette « brigade mobile » interviendra en priorité dans les zones les plus touchées, de la côte Est à la province Nord, jusqu’à l’île des Pins. Les soignants prendront en charge 150 patients supplémentaires par jour en moyenne, selon le ministre.
La présidente de la province Sud a salué « un partenariat solide avec l’État » et rappelé que « tout est fait pour que nos populations puissent se soigner, y compris dans les zones isolées ». Le maire de Bourail, Patrick Robelin, a lui aussi insisté :
Aujourd’hui, on a la preuve que c’est tous ensemble qu’on peut avancer.
Le CMS de Bourail, pivot médical de la Grande Terre
Véritable carrefour sanitaire entre le Sud et le Nord, le centre médico-social de Bourail est aujourd’hui saturé. Ses consultations ont augmenté de 25 % entre 2023 et 2025, avec un quart des patients venant de la province Nord. À La Foa, la hausse atteint même 100 % en deux ans.
Le CMS s’est modernisé grâce à plus de 200 millions de FCFP investis depuis 2013 dans le cadre du Contrat de développement État/province Sud. Une seconde phase est déjà en préparation avec la création d’un guichet unique rassemblant services de santé, emploi et logement. Pour Sonia Backès, il s’agit d’un « outil moderne au service des habitants », indispensable pour maintenir une offre de soins de proximité.
Mais malgré ces efforts, la situation reste critique : les urgences de Koumac sont fermées depuis le début de l’année, nombre de CMS n’ont plus de médecin fixe, et le Médipôle a dû fermer ses urgences le 9 août dernier, faute de personnel.
Une pénurie nationale, une réponse locale
Depuis la crise insurrectionnelle de mai 2024, la Nouvelle-Calédonie a perdu près de 20 % de ses soignants. En un an, le nombre de médecins inscrits à l’Ordre est passé de 1 019 à 920. En juillet 2025, 30 % des lits hospitaliers étaient fermés. La fédération des professionnels de santé a même demandé la déclaration de l’urgence sanitaire.
Cette pénurie frappe de plein fouet la province Nord et la côte Est, mais ses effets se répercutent sur l’ensemble du territoire. L’État, rappelle Manuel Valls, « ne peut rester immobile face à la détresse des Calédoniens ».
D’où l’urgence de ce dispositif mobile, pensé comme un bouclier temporaire pour soulager les CMS et redonner confiance aux habitants.
Au-delà de l’État, les provinces – notamment la province Sud – multiplient les efforts : aides aux professions paramédicales, subventions pour équiper sages-femmes et kinésithérapeutes, politiques d’attractivité pour réinstaller des soignants en zones rurales. Beaucoup estiment toutefois que sans un appui fort de l’État, la Nouvelle-Calédonie ne pourra surmonter seule cette crise.
La visite de Manuel Valls à Bourail n’était pas seulement symbolique. En annonçant la création d’une brigade médicale mobile, le ministre a voulu montrer que la République ne laisserait pas ses territoires tomber dans le désert sanitaire.
La Nouvelle-Calédonie, fragilisée par la crise insurrectionnelle et l’exode de ses soignants, attend maintenant des actes concrets. Cette mobilisation commune de l’État et de la province Sud incarne une évidence : pour garantir l’égalité d’accès aux soins, la France doit rester aux côtés des Calédoniens, sans faillir.
Crédit photo : Province Sud