Dès ce lundi 25 août à 5h, la filière santé de l’USTKE a lancé une grève illimitée au Médipôle de Koutio. Les pancartes sont explicites : « aides-soignants oubliés », « corps médical en tension ». Les revendications portent sur la reconnaissance du statut, la régularisation des contrats et la fin des glissements de tâches imposés par une note interne de février 2025.
Mais cette mobilisation interroge : l’USTKE n’est pas un acteur neutre. Elle a marché aux côtés de la CCAT, accusée d’avoir attisé les violences du 13 mai 2024. Voir ce syndicat dénoncer aujourd’hui les dégâts d’un système fragilisé par les émeutes qu’il a contribué à légitimer laisse un goût amer.
Les glissements de tâches, symbole d’un système à bout
Au cœur de la colère, la question des tâches imposées aux aides-soignants. Beaucoup affirment être contraints d’assumer des missions relevant d’infirmiers diplômés d’État, sans reconnaissance ni salaire supplémentaire.
Cette note est utilisée pour forcer le personnel à exécuter des ordres sans limite. Cela peut vite dériver vers du harcèlement et de l’abus de pouvoir.
Les aides-soignants refusent d’être réduits à une main-d’œuvre corvéable et réclament un retour à la clarté des missions. Dans un système hospitalier déjà fragilisé – urgences fermées certains week-ends, manque de personnel chronique – cette grève devient le révélateur d’un hôpital en souffrance.
Un bras de fer politique autant que social
Un service minimum est assuré, mais l’impact est lourd : patients inquiets, personnels épuisés, direction sous pression. À 14h, une première rencontre a eu lieu entre syndicat et direction, sans résultat tangible.
Cette grève pose une question plus large : comment l’USTKE peut-elle se poser en défenseur des soignants alors qu’elle a soutenu des mouvements ayant contribué à plonger la Nouvelle-Calédonie dans le chaos en 2024 ?
L’État vient d’annoncer des financements pour la santé, mais le paradoxe est là : on réclame à Paris de réparer des fractures que certains ont aidé à creuser.
Le Médipôle, vitrine ultramoderne de la santé calédonienne, est désormais le théâtre d’un affrontement qui dépasse la simple question salariale : il illustre une fracture sociale et politique que le pays n’arrive toujours pas à résorber.