Trois jours de débats à Nouméa sur la concurrence et l’intégration économique régionale des petites économies insulaires.
Un rendez-vous stratégique pour la Nouvelle-Calédonie
Du 27 au 29 août 2025, Nouméa accueille un événement inédit : le Colloque Économique International, organisé par l’Autorité de la concurrence de Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec la CCI-NC et l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC). Soutenu par le Fonds Pacifique, ce rendez-vous place la Calédonie dans le grand jeu régional.
Alors que le monde se replie sur des logiques protectionnistes, les petites économies insulaires (PEI) cherchent leur place dans un marché globalisé.
Il s’agit de comprendre comment conjuguer souveraineté économique et ouverture régionale
souligne un des organisateurs.
L’intégration économique : levier ou dépendance ?
Dès l’ouverture, la table ronde inaugurale posera les bases : définition des concepts, enjeux, et perspectives. Les experts internationaux, de l’OCDE, de l’OMC ou encore de l’Université du Pacifique Sud, apporteront leur regard comparatif entre Caraïbe, Asie-Pacifique et Europe.
Les discussions de la deuxième journée s’annoncent denses. La question clé sera : comment transformer la contrainte d’insularité en moteur de coopération ?
- Structurer des accords régionaux adaptés (PACER Plus, PICTA),
- Comparer avec des blocs majeurs (ASEAN, ALENA, CER Australie-Nouvelle-Zélande),
- Harmoniser les politiques de concurrence dans des économies de petite taille.
Nos marchés sont étroits, nos coûts élevés, nous n’avons d’autre choix que l’ouverture
rappellera une économiste de l’UNC.
Protectionnisme ou concurrence : la ligne de crête
Les débats aborderont ensuite les tensions permanentes entre politique industrielle et règles de concurrence. Faut-il protéger les filières naissantes, comme l’agriculture ou la transformation locale, ou les exposer d’emblée à la compétition régionale ?
Les intervenants viendront de Nouvelle-Zélande, de la Réunion, de la CARICOM ou encore de l’Australie, pour partager leurs expériences.
Protéger oui, mais pas au point d’étouffer l’innovation ni de pénaliser le consommateur
prévient un expert du CNRS.
Cette réflexion s’étendra aussi au terrain politique : comment réduire la dépendance économique, diversifier les filières et éviter la monoculture du nickel ou de quelques productions agricoles ?
Les ateliers pratiques : du discours à l’action
Le 29 août, place aux opérateurs économiques locaux. Agriculture, pêche, filières du miel, du cacao ou du thon seront au centre des échanges. La priorité :
- Structurer l’offre des producteurs,
- Fluidifier les quotas d’importation,
- Sécuriser les chaînes logistiques,
- Identifier les filières export porteuses.
C’est la première fois que nous travaillons de manière aussi concrète sur nos chaînes d’approvisionnement
souligne un représentant agricole.
Le colloque se clôturera par un discours de Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie et du commerce extérieur, preuve que l’événement dépasse le simple cadre académique pour devenir un moment politique majeur.
Penser l’avenir économique calédonien
Ce colloque n’est pas seulement une vitrine intellectuelle : il est un outil stratégique. La Calédonie, territoire charnière entre Asie et Pacifique, doit choisir sa trajectoire. Protectionnisme défensif, concurrence régulée ou intégration régionale assumée : chaque option implique des conséquences lourdes pour l’emploi, le pouvoir d’achat et la souveraineté.
Les trois jours d’août à Nouméa ne trancheront pas tout, mais ils poseront les bases d’un débat indispensable : comment une petite économie insulaire peut-elle peser dans un monde de géants ?