Une jeunesse dissolue ; un crime abominable ; une France choquée à jamais. Le 28 août 1933, l’arrestation de Violette Nozières bouleverse le pays.
Une jeunesse révoltée et un mode de vie scandaleux
À seulement 18 ans, Violette Nozières incarne déjà l’image d’une jeunesse perdue. Issue d’une famille modeste, elle a connu une enfance sans histoire avant de basculer dans une adolescence marquée par la provocation et la débauche. Échec scolaire, fréquentations douteuses, mensonges sur son milieu social et virées dans le Quartier Latin composent le portrait d’une adolescente en rupture.
Plutôt que d’assumer ses responsabilités, elle choisit une vie d’errance et se prostitue pour subvenir aux besoins de son amant. Ce choix délibéré de s’écarter du droit chemin choque l’opinion publique des années 1930, pour qui Violette symbolise déjà les dérives d’une société permissive. Elle vole sa propre famille pour financer ses excès, creusant le fossé avec ses parents qui, malgré tout, lui avait laissé une grande liberté.
Un crime sordide et une accusation explosive
La bascule survient dans la nuit du 22 au 23 août 1933. Violette versa un somnifère dans le repas de ses parents, prétendant qu’il s’agit d’un remède médical. Son père succombe, sa mère échappe de peu à la mort. Pour les magistrats, il ne fait aucun doute que le mobile est financier : hériter rapidement en éliminant ses parents. Mais lors de son arrestation, le 28 août, Violette ajoute une dimension terrible à l’affaire. Elle accuse son père d’inceste, affirmant avoir agi pour se venger. Cette révélation fracassante divise la France : une manipulation pour échapper à la guillotine ou le cri de vérité d’une victime ?
Si certains éléments troublants accréditent partiellement sa version, Violette elle-même se rétractera plus tard, alimentant un climat de suspicion permanent. La justice, face à cette accusation d’inceste difficile à vérifier, préfère retenir la gravité du parricide.
Un procès retentissant et une icône sulfureuse
Condamnée à mort en octobre 1934, Violette échappe à l’exécution, la guillotine étant rarement appliquée aux femmes. Sa peine est commuée en réclusion à perpétuité, réduite ensuite par le maréchal Pétain pour bonne conduite. Elle sera libérée en 1945. Mais son procès laisse une empreinte profonde. La presse la décrit tour à tour comme « l’empoisonneuse », la manipulatrice cupide ou la victime sacrifiée d’un père prédateur. Les surréalistes, emmenés par André Breton, prennent fait et cause pour elle, en faisant l’icône d’une rébellion contre l’autorité patriarcale.
Le cinéma s’empare de l’affaire en 1978 avec Claude Chabrol et Isabelle Huppert, laissant ouverte la question de l’inceste. Mais pour la majorité des Français des années 1930, l’affaire Violette Nozières reste d’abord celle d’une fille ayant trahi son sang, commis l’impardonnable : tuer son père et tenter de supprimer sa mère.
L’arrestation de Violette Nozières, le 28 août 1933, marque l’un des faits divers les plus retentissants du XXe siècle. Ce drame familial, devenu affaire nationale, révèle la fracture entre une société attachée à l’ordre, à la morale et à l’autorité parentale, et une jeunesse en quête d’indépendance au prix de la transgression. Parricide, inceste, rébellion : l’affaire Nozières cristallise toutes les tensions d’une France secouée entre tradition et modernité.