Un constat d’échec après dix jours de discussions
Les négociations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie se sont soldées par un échec, confirmé par le ministre des Outre-mer, Emmanuel Valls, à l’issue d’une mission de dix jours. Les délégations politiques, enfermées pendant trois jours au Sheraton de Bourail avec le conseiller spécial du Premier ministre, Éric Thiers, n’ont pas trouvé de terrain d’entente.
Valls a présenté deux options : une « indépendance-association » et un « fédéralisme », qualifiant la première de « bonne solution » et la seconde de « mauvaise ». Cette approche a immédiatement suscité des réactions contrastées : le FLNKS a salué la proposition, tandis que les loyalistes l’ont rejetée en bloc.
Une méthode critiquée
Les participants ont dénoncé une méthode peu transparente. Contrairement aux précédents accords (Matignon, Nouméa), aucun document écrit n’a été partagé en amont. Les propositions de Valls, jugées « radicales » (double nationalité, siège à l’ONU pour la Nouvelle-Calédonie), ont été perçues comme un alignement sur les positions de l’UNI-Palika (indépendantistes modérés).
Bernard Deladrière a souligné que l’État aurait dû partir des trois référendums rejetant l’indépendance pour bâtir un compromis, comme le « fédéralisme externe ». Pour Luc Steinmetz, la proposition de Valls équivalait à une « indépendance maquillée », en contradiction avec les résultats des consultations populaires.
Conséquences : retour aux institutions actuelles
En l’absence d’accord, l’Accord de Nouméa reste en vigueur, prolongeant le statu quo institutionnel. Les élections provinciales, prévues fin 2024, devraient relancer les débats, mais dans un climat tendu. Les craintes d’une reprise des violences, comme en mai 2024, persistent.
Réactions politiques et économiques
– Loyalistes/Rassemblement : Rejettent catégoriquement l’« indépendance-association », y voyant une partition déguisée.
– FLNKS : Ouvert à la poursuite du dialogue, mais exige une reconnaissance de l’autodétermination.
– Calédonie Ensemble/Éveil Océanien : Déçus par l’échec, mais sans soutien clair au projet Valls.
Sur le plan économique, la relance du nickel et du tourisme reste prioritaire, avec des investisseurs étrangers intéressés par les usines du Sud et du Nord.
Incertitudes et défis :
L’échec des discussions révèle des fractures profondes. Si le chaos institutionnel est évité, la précarité politique perdure. La question du corps électoral, notamment son élargissement aux résidents de longue durée, reste un enjeu clé pour les prochains mois.