À quelques jours de l’élection interne des Républicains (LR) pour désigner leur nouveau président, Laurent Wauquiez, candidat face à Bruno Retailleau, a recentré son discours sur les outre-mer, évoquant notamment la Nouvelle-Calédonie et la lutte contre le narcotrafic aux Antilles. Ses prises de position, marquées par une fermeté institutionnelle et des critiques envers le gouvernement, illustrent sa stratégie pour séduire l’électorat conservateur du parti.
Nouvelle-Calédonie : opposition frontale à l’indépendance
Le député de la Haute-Loire condamne avec virulence la méthode de Manuel Valls, ministre des Outre-mer, qu’il accuse de vouloir « imposer un chemin vers l’indépendance » malgré les trois référendums (2018-2021) ayant rejeté cette option. Il salue l’échec des récentes négociations, attribué à la résistance des élus anti-indépendantistes du Rassemblement-LR, et menace explicitement le gouvernement : si ce dernier persiste dans cette orientation, LR retirerait son soutien parlementaire. Une posture qui souligne sa volonté d’incarner une droite intransigeante sur l’unité nationale.
Sur le calendrier institutionnel, Wauquiez exige la tenue des élections provinciales avant fin 2025, jugeant crucial de « redonner une légitimité démocratique » après les violences de mai 2024. Il réclame parallèlement un « dégel partiel » du corps électoral, figé depuis les accords de Nouméa (1998), dénonçant une « démocratie à deux vitesses » entre métropole et archipel. Pour lui, le statut civique particulier, réservé aux Kanak et aux Calédoniens installés avant 1994, ne doit plus exclure une partie de la population des scrutins locaux.
Un projet économique « bleu et vert »
Si Wauquiez rejette toute évolution statutaire, il défend un « redressement » économique par des investissements étatiques dans les énergies décarbonées (hydrogène, solaire), visant à attirer des entreprises high-tech. Il prône aussi une réorganisation des compétences entre provinces, pour plus de « souplesse » dans la gestion territoriale, tout en maintenant l’archipel dans le giron français.
Antilles : une loi narcotrafic « inadaptée »
Le candidat LR fustige par ailleurs la récente loi renforçant la lutte contre le trafic de drogue, adoptée sans « volet spécifique » pour les outre-mer. Il dénonce son « irresponsabilité », soulignant l’explosion des violences liées aux gangs en Martinique et en Guadeloupe, où la jeunesse serait « sacrifiée ». Il promet, s’il prend la tête du parti, de porter un amendement pour y intégrer des mesures adaptées aux réalités insulaires (renseignement, contrôles maritimes, etc.).
Contexte : une course serrée chez LR
Ces déclarations interviennent à mi-parcours d’une campagne interne tendue, où Wauquiez tente de distancer Bruno Retailleau en surfant sur des thèmes clivants (sécurité, identité nationale). Ses propositions – comme l’envoi de personnes sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon – visent à mobiliser la base militante, majoritairement située à droite de l’échiquier politique. Le résultat, attendu le 18 mai, déterminera aussi la ligne du parti face au gouvernement, notamment sur les dossiers ultramarins.
En synthèse, Wauquiez lie fermement la question calédonienne à l’enjeu plus large du « respect des choix démocratiques », tout en pointant les spécificités socio-économiques des outre-mer. Un discours qui tranche avec le ton consensuel habituel sur ces territoires, reflétant sa vision d’une recentralisation républicaine.