Les porte-avions américains et chinois se croisent dans le Pacifique occidental
Ce dimanche, les États-Unis et la Chine ont simultanément mobilisé leurs porte-avions dans le Pacifique occidental, un geste significatif dans le contexte de rivalité croissante entre Washington et Pékin pour le contrôle stratégique de la région indo-pacifique.
Une démonstration de force en mer
Le porte-avions américain USS George Washington, basé à Yokosuka, au Japon, a quitté son port d’attache pour des essais en mer et des opérations qualifiées de « routinières » selon l’US Navy. C’est la première fois que le bâtiment nucléaire sort en mer depuis son retour au Japon en novembre 2024, après sept années de maintenance aux États-Unis. Des exercices d’atterrissage ont également été signalés sur l’île japonaise d’Iwo To, située à 1 200 km au sud de Tokyo.
En parallèle, la Chine a déployé le CNS Liaoning, l’un de ses deux porte-avions en service, au nord de l’île de Kuba, proche de l’archipel contesté des Senkaku, revendiqué à la fois par Tokyo et Pékin (sous le nom de Diaoyu). Ce mouvement a été observé par l’état-major japonais, qui a confirmé la présence de quatre autres navires chinois : deux destroyers de type 052D (Qiqihar et Tangshan) et deux frégates de type 054A (Binzhou et Anyang). Des opérations aéronavales ont été repérées, incluant le décollage et l’atterrissage de chasseurs et d’hélicoptères chinois.
Le théâtre d’une rivalité stratégique
Ces déploiements s’inscrivent dans un contexte tendu de compétition militaire en Asie de l’Est, où la Chine cherche à affirmer sa puissance face à la présence militaire américaine historique. Pékin remet ouvertement en question la stratégie américaine de la « Première chaîne d’îles« , une ligne géostratégique reliant le Japon, Taïwan et les Philippines, conçue pendant la guerre froide pour contenir l’expansion maritime chinoise.
Avec une flotte comptant désormais plus de 370 navires de guerre, la marine chinoise est devenue la plus importante au monde en termes de nombre de bâtiments. Les États-Unis, de leur côté, misent sur la projection de puissance à travers des groupes aéronavals comme celui du George Washington, fleuron de la 7e flotte américaine, qui opère dans la zone Asie-Pacifique.
Une région sous haute surveillance
Le Japon, partenaire clé des États-Unis dans la région, observe avec inquiétude l’intensification des manœuvres chinoises dans les eaux entourant l’archipel. Depuis la nationalisation des îles Senkaku par Tokyo en 2012, la Chine a accru ses patrouilles maritimes et aériennes dans la région, ce que le Livre blanc de la Défense japonais qualifie de « provocations« .
Dans une précédente déclaration, Pékin a accusé le Japon de « surveillance intrusive » menaçant la sécurité de ses navires et avions. Ces accusations sont rejetées par Tokyo, qui considère les activités chinoises comme une tentative de modifier le statu quo par la force.
Quelle suite pour les tensions ?
Il reste à déterminer si le Liaoning franchira prochainement le détroit de Miyako pour entrer dans la mer des Philippines, une manœuvre stratégique qui traduirait un nouvel acte de défi contre l’encerclement maritime américain.
Alors que les regards sont tournés vers cette région hautement militarisée, la mer de Chine orientale continue d’être le théâtre d’un bras de fer silencieux mais constant entre deux superpuissances, dont les ambitions navales dessinent les contours d’un nouvel ordre géopolitique asiatique.