Une remise en liberté décidée par les juges parisiens
Mardi 3 juin, les juges d’instruction parisiens ont ordonné la remise en liberté sous contrôle judiciaire de Christian Tein, leader indépendantiste kanak et responsable de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT). Auditionné le 27 mai à Paris, l’homme de 57 ans est au cœur de l’enquête sur les violentes émeutes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie en mai 2024.
Les magistrats ont estimé qu’aucune preuve ne permettait de démontrer, à ce stade de l’enquête, que Tein ou d’autres mis en examen avaient préparé un attroupement armé ou un groupement violent. Ils ont également pris en compte l’éloignement géographique entre Christian Tein, actuellement détenu en métropole, et la Nouvelle-Calédonie, distante de plus de 16 500 kilomètres. Sa remise en liberté était assortie d’une interdiction de se rendre sur le territoire calédonien et de contacter treize autres protagonistes du dossier.
Le parquet de Nouméa fait appel de la décision
Mais cette décision n’a pas été acceptée par le parquet de Nouméa, qui a immédiatement fait appel. Ce référé-détention bloque la libération de Christian Tein dans l’attente d’une décision de la cour d’appel de Paris, attendue dans un délai de 48 heures. En cas de maintien de la détention, la chambre de l’instruction disposera ensuite de dix jours pour trancher définitivement.
Le parquet calédonien considère que Christian Tein a occupé une place centrale dans les violences de mai 2024, en tant que commanditaire présumé d’un plan d’actions violentes contre l’État. Il craint que sa remise en liberté ne lui permette de fuir vers la Nouvelle-Calédonie avec l’aide de complices, échappant ainsi à la justice.
Une figure politique au cœur des tensions
Christian Tein a été arrêté en juin 2024, quelques semaines après les émeutes déclenchées par le rejet de la réforme du corps électoral, qui ont entraîné 14 morts et causé plus de deux milliards d’euros de dégâts. Leader de la CCAT, structure soupçonnée d’avoir organisé les violences, il a été mis en examen pour complicité de tentatives de meurtres, association de malfaiteurs, vols avec arme, et destructions en bande organisée.
Initialement instruite à Nouméa, l’enquête a été dépaysée à Paris en janvier 2025 pour garantir son impartialité. Les avocats de Tein – Mes Roux, Ortet et Medico – saluent une « nouvelle lecture du dossier » par les juges parisiens et dénoncent une opposition du parquet « en totale déconnexion avec les évidences de la procédure ».
Ce dossier très sensible cristallise les tensions persistantes entre l’État français et une partie du mouvement indépendantiste kanak, dans un climat post-émeutes encore fragile.