Paradoxalement, les zones qui comptaient le plus d’émeutiers de mai 2024, subissent aujourd’hui les répercussions sociales les plus sévères, selon les observations des autorités locales.
Une insécurité alimentaire préoccupante
Dans certains secteurs populaires de Nouméa, les cambriolages ont pris une nouvelle dimension. Les témoignages des habitants confirment cette tendance alarmante. On vole de la nourriture. Ces actes reflètent une détresse sociale croissante où même les cultures vivrières familiales deviennent des cibles. Les autorités observent l’émergence d’une économie parallèle de survie, alimentée par ces délits.
On constate une évolution inquiétante : aux vols traditionnels d’alcool s’ajoutent désormais des pillages de denrées alimentaires, de vêtements et de tout bien revendable« , rapporte un responsable de sécurité.
Les jeunes instrumentalisés
Particulièrement préoccupant : l’implication croissante des mineurs. Des enfants de 12 à 13 ans sont souvent utilisés pour commettre ces vols, sachant qu’ils risquent peu de poursuites. Cette situation crée un climat de tension permanent dans des quartiers déjà fragilisés. Face à cette insécurité rampante, les pouvoirs publics ont réactivé le Groupe de Partenariat Opérationnel (GPO) de Rivière-Salée depuis septembre 2024. Un dispositif policier dans lequel des travailleurs sociaux se partagent des informations et élaborent des solutions en réponse à des problèmes identifiés : vols, rodéos, rassemblements, mauvais stationnement, harcèlement…. Son objectif est de retisser du lien avec la population et d’apporter des réponses concrètes aux problèmes quotidiens.
Lors des dernières réunions, plusieurs axes de travail ont été prioritaires :
– Amélioration de l’éclairage public
– Adaptation des horaires de patrouilles
– Protection renforcée des pharmacies et cabinets médicaux
– Actions de prévention en milieu scolaire
Conséquences sanitaires : une crise dans la crise
La dégradation des conditions de vie dans ces quartiers commence à montrer des impacts alarmants sur la santé publique. Les pharmacies subissent également des ruptures de stock.
Certains patients viennent nous voir après s’être fait voler leurs traitements chroniques » explique un pharmacien.
Les professionnels de santé s’inquiètent par ailleurs de la recrudescence des troubles anxieux et dépressifs.
Le stress permanent lié à l’insécurité et aux difficultés économiques crée une véritable détresse psychologique dans la population, analyse une psychologue
Les pistes éventuelles d’action
La population, confrontée à cette précarité, réagit diversement à cette situation inédite. Certains habitants s’organisent en réseaux de solidarité, qui distribue des paniers alimentaires issus de cultures locales.
On partage nos récoltes entre voisins, c’est devenu une question de survie, confie une mère de trois enfants.
D’autres expriment leur colère, réclamant une aide alimentaire d’urgence. Et d’autres vendent au centre-ville, les cultures familiales.
Les autorités sanitaires recommandent plusieurs mesures aux familles en difficulté.
Chaque signalement de famille en difficulté peut permettre une intervention rapide des services compétents.
Alors que le territoire tente de panser ses plaies, la question sociale reste au cœur des préoccupations, notamment sur le quotidien des populations les plus vulnérables.