Un porte-avions chinois pénètre dans la ZEE japonaise
Le Liaoning et son groupe naval dans les eaux proches de Minamitori
Pour la première fois, un groupe aéronaval chinois dirigé par le porte-avions Liaoning a pénétré dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, à proximité immédiate de l’île de Minamitori, à l’extrême est de l’archipel. L’événement s’est produit le samedi 7 juin 2025, selon un communiqué du ministère japonais de la Défense.
Le groupe était composé du Liaoning, de deux destroyers lance-missiles chinois et d’un navire de ravitaillement. Après avoir traversé la ZEE, les navires ont mené des exercices militaires comprenant des manœuvres aériennes avec avions de chasse et hélicoptères. En réponse, le destroyer japonais Haguro a été mobilisé pour surveiller l’opération.
Selon un porte-parole du ministère, la Chine chercherait à démontrer sa capacité opérationnelle en haute mer, loin de ses bases continentales.
Une incursion qui inquiète Tokyo et réveille les tensions régionales
Le gouvernement japonais, par la voix du secrétaire général du cabinet Yoshimasa Hayashi, a indiqué avoir transmis un « message approprié » à Pékin. Si aucune protestation officielle n’a été confirmée, Tokyo s’est engagé à renforcer ses dispositifs de surveillance maritime et aérienne.
Cette intrusion s’inscrit dans une série d’activités navales chinoises récentes dans et autour de la ZEE japonaise. En mai dernier, le Liaoning avait navigué entre deux îles du sud, et en septembre 2024, il avait traversé les eaux entre Yonaguni et Iriomote, deux îles proches de Taïwan.
Ces manœuvres relancent les tensions dans la région, notamment sur la question des îles Senkaku/Diaoyu, contrôlées par le Japon mais revendiquées par la Chine, au cœur des disputes territoriales en mer de Chine orientale.
Minamitori, île stratégique et riche en métaux rares
L’île de Minamitori, située à environ 1 900 km au sud-est de Tokyo, est inhabitée à l’exception d’un petit personnel militaire et météorologique. Pourtant, elle représente un atout stratégique majeur pour le Japon.
Les fonds marins de Minamitori abriteraient environ 200 millions de tonnes de nodules de manganèse, riches en métaux rares essentiels à la technologie et à la transition énergétique, selon une étude conjointe de la Nippon Foundation et de l’Université de Tokyo.
En ciblant cette région, la Chine montre qu’elle cherche à renforcer à la fois son influence militaire et son accès aux ressources stratégiques. Cette double ambition inquiète fortement Tokyo et ses alliés, dont Washington, dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu en Asie-Pacifique.