Les professionnels du tourisme calédonien espéraient un rebond à l’occasion des multiples ponts du mois de mai. Mais les chiffres décevants confirment une tendance morose, entre une clientèle locale encore traumatisée par les récentes tensions sociales et la disparition quasi totale des visiteurs internationaux.
Une reprise qui n’arrive pas
On avait mis tous nos espoirs dans les longs week-ends de mai. Finalement, ce fut pire que l’an dernier. Les mains crispées sur son comptoir, Marc, gérant d’un gîte sur Bourail, ne cache pas son amertume. Comme beaucoup de professionnels du tourisme en Nouvelle-Calédonie, il constate, impuissant, l’érosion de son activité.
Avant, les Calédoniens profitaient des ponts pour s’échapper, découvrir d’autres coins. Aujourd’hui, ils restent chez eux.
Il explique que sa clientèle locale, autrefois fidèle, a drastiquement diminué. Les événements récents les ont marqués.
Certains me disent ouvertement qu’ils ne veulent pas prendre de risques en voyageant, même sur de courtes distances.
En mai, son établissement a enregistré un taux de remplissage de 30 %, contre 70 % l’année précédente à la même période.
On a baissé nos tarifs, lancé des promotions… Rien n’y fait. Les gens n’ont plus le moral, ni les moyens peut-être.
Les touristes étrangers ? Un lointain souvenir
Autre coup dur : la quasi-disparition des visiteurs internationaux.
Avant, on avait des Australiens, des Néo-Zélandais, quelques Japonais. Aujourd’hui, c’est le désert.
La fermeture de lignes aériennes et l’image ternie de la destination ont achevé ce qui restait du marché.
Les expatriés nous sauvent… pour l’instant
Seule lueur d’espoir : les expatriés, notamment les militaires et soignants en poste temporaire.
Ils sont curieux, veulent découvrir le pays. Sans eux, on aurait déjà mis la clé sous la porte. Mais cette clientèle ne suffit pas. Ils ne compensent pas la perte des autres marchés. Et beaucoup repartiront dans quelques mois.
On a besoin de visibilité… et de soutien
Pour Marc, les solutions passent par une relance volontariste :
Il faut rassurer les locaux, relancer les liaisons aériennes, communiquer à l’international. Mais tout ça prend du temps… et nous, on n’en a plus beaucoup.
Son dernier mot sonne comme un avertissement :
Le tourisme, ici, c’est des familles qui vivent de ça depuis des générations. Si rien ne change, dans six mois, il ne restera plus grand-chose.
Un constat partagé par des centaines d’acteurs du secteur, suspendus entre espoir ténu et réalité économique implacable.
Entre peur locale et désertion internationale, le tourisme calédonien lutte pour survivre. Les prochains mois seront décisifs, mais les professionnels, épuisés, attendent des signes concrets de relance. Sans un retour massif des visiteurs ou un soutien financier renforcé, l’effondrement semble inévitable pour beaucoup.
Voici plusieurs pistes que les acteurs économiques souhaitent adapter sur le caillou :
Stratégie « Redécouvrir son pays » pour les résidents
– Opérations coup de pouce : Chèques-vacances financés par le gouvernement/provinces (ex: 20% de remise sur hébergements locaux)
– Événements thématiques : « Week-ends découverte » avec animations culturelles kanak, randonnées guidées, festivals gastronomiques
– Partenariats entreprises : Tarifs préférentiels pour les comités d’entreprise (ex: packs « escapade en tribu »)
Cibler les expatriés et travailleurs temporaires
– Forfaits « Première découverte » : Circuits clés en main pour militaires/soignants (ex: « Les 10 incontournables de la Grande Terre »)
– Réseau de parrainage : Système de recommandation entre expats (réductions pour groupes constitués)
La relance passera par un double mouvement : réenchanter la destination pour les Calédoniens tout en reconstruisant notre attractivité à l’international avec des produits différenciants