Le Pacifique demande un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds
Le président de la République de Palaos, Surangel Whipps Jr, a exprimé son opposition à la volonté des États-Unis d’accélérer l’exploitation minière des fonds marins dans les eaux internationales. Cette décision, soutenue par l’administration Trump, a été qualifiée de « mauvaise direction » par le dirigeant pacifique, inquiet des conséquences sur l’écosystème marin.
« Nous avons demandé un moratoire, une pause temporaire, jusqu’à ce que nous ayons les informations nécessaires pour prendre une décision éclairée », a déclaré Whipps lors d’un entretien avec RNZ Pacific.
Cette prise de position survient alors que The Metals Company (TMC), entreprise phare dans ce domaine, a annoncé qu’elle n’utiliserait pas la voie réglementaire internationale (via l’Autorité internationale des fonds marins) mais plutôt celle des réglementations américaines, suite à un ordre exécutif signé par Donald Trump.
Le Pacifique face à Washington : un dialogue nécessaire
Whipps a appelé à une communication directe avec le président Trump, soulignant l’importance de la transparence et du partenariat dans les décisions qui affectent l’ensemble de la région. « C’est à nous, peuples du Pacifique, de nous lever et de dire que cette direction pourrait être néfaste pour nous tous. »
L’ordre américain vise à renforcer le leadership des États-Unis dans l’exploitation minière sous-marine, avec des délais raccourcis pour l’octroi de permis. Cette annonce a été saluée par TMC, qui y voit une opportunité majeure. Mais pour les nations insulaires, l’inquiétude grandit : les conséquences sur l’environnement, les ressources halieutiques comme le thon, et le rôle vital de l’océan dans la régulation climatique sont encore mal connus.
Une région divisée entre exploration et protection des océans
Alors que plusieurs pays du Pacifique – comme Nauru, les Îles Cook, Kiribati ou encore Tonga – possèdent déjà des contrats d’exploration minière, d’autres comme Vanuatu appellent à une interdiction totale. Le Forum des îles du Pacifique reste profondément divisé sur la question.
Le président Whipps, tout en reconnaissant l’efficacité stratégique de TMC dans son lobbying, met en garde : « Nous voulons protéger nos ressources, notre biodiversité et notre survie. Creuser les fonds marins revient à affaiblir notre plus grand puits de carbone – l’océan. »
Dans un contexte où les changements climatiques menacent directement les îles du Pacifique, ce débat sur l’exploitation des océans cristallise les enjeux géopolitiques, écologiques et économiques à l’échelle mondiale.