Par une plume concernée
Valls en mission idéologique
Chaque fois que Manuel Valls se rend dans un territoire d’Outre-mer, il apporte avec lui la même obsession : remettre sur la table le sujet de la décolonisation. Mais ce n’est pas dans l’écoute ou le respect des peuples qu’il agit, c’est en brandissant une vision déjà tranchée, au mépris du dialogue démocratique.
Le précédent calédonien : trois référendums ignorés
En Nouvelle-Calédonie, Valls s’est illustré en proposant une formule d’« indépendance-association » lors du conclave de Déva. Une idée qui a échoué, car elle ignorait les trois référendums organisés entre 2018 et 2021, où les Calédoniens ont dit, à chaque fois, non à l’indépendance.
Tenter aujourd’hui de s’asseoir sur ces résultats, c’est mépriser la souveraineté populaire. C’est faire fi de la volonté exprimée démocratiquement par un peuple qui a choisi de rester dans la République.
Même méthode, nouveau territoire : la Polynésie
Et voici que l’histoire semble se répéter. À l’Assemblée nationale, la députée Mereana Reid Arbelot a appelé à reprendre les discussions sur la décolonisation de la Polynésie française, inscrite depuis 2013 sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU.
Sans surprise, Valls s’est empressé d’annoncer que ce sujet serait abordé lors de son prochain déplacement au fenua en juillet. Encore une fois, il veut ouvrir un dossier lourd, sans consultation large, ni demande claire des populations concernées.
Une ambition cachée : 2027 en ligne de mire
Cette attitude n’est pas neutre. Tout donne l’impression que Manuel Valls cherche à conclure un « dossier réussi » de sa propre vision de la décolonisation, afin d’en faire un argument politique personnel. En ligne de mire ? L’élection présidentielle de 2027.
Il voudrait pouvoir dire : « J’ai réglé la question calédonienne. J’ai ouvert celle de la Polynésie. »
Mais non, Monsieur Valls : les Outre-mer ne seront pas votre tremplin vers l’Élysée. Ils ne sont pas là pour servir vos ambitions, ni pour valider votre stratégie d’image.
Les Outre-mer ne veulent pas être instrumentalisés
Les territoires d’Outre-mer ne sont pas des accessoires diplomatiques ou des laboratoires politiques. Ils sont des terres avec une histoire, une voix, une identité. Ce que demandent les Calédoniens, les Polynésiens, les Mahorais, les Martiniquais, les Guyanais et tous les autres, c’est du respect, de l’écoute, de la considération.
Ce qu’ils ne veulent plus, ce sont des ministres de passage, qui viennent leur imposer une trajectoire sans eux.
Une autre vision est possible
Le vrai courage politique, ce n’est pas de forger des accords artificiels pour cocher une case. Le vrai courage, c’est de respecter les choix démocratiques, même quand ils ne cadrent pas avec son agenda personnel.
Manuel Valls ne respecte ni les référendums, ni les équilibres locaux, ni la dignité politique des Outre-mer. Il veut rouvrir des blessures qu’il ne pourra pas refermer.
À force de vouloir tout remettre sur la table, il va finir par la renverser.