Une réponse stratégique à l’expansion chinoise
SYDNEY, 13 juin 2025 – L’Australie s’apprête à investir 477 millions de dollars australiens (environ 310 millions USD) dans des patrouilles aériennes destinées à renforcer la surveillance des zones économiques exclusives (ZEE) des États insulaires du Pacifique. Ce déploiement de moyens vise à endiguer la pêche illégale, alors que la Chine montre de plus en plus d’intérêt pour des opérations de garde-côtière dans la région.
Le Premier ministre australien Anthony Albanese s’est rendu aux Fidji vendredi dernier, officialisant un accord maritime par lequel l’Australie financera un nouveau patrouilleur pour Suva. Cette coopération s’inscrit dans un contexte de concurrence stratégique permanente dans le Pacifique, comme l’a rappelé la cheffe de la diplomatie australienne Penny Wong :
« Ces pays ont d’immenses espaces maritimes à surveiller, mais de petites terres émergées. La stabilité et le respect de la souveraineté passent par une gestion conforme au droit international. »
Les ambitions chinoises dans la zone inquiètent
La montée en puissance de la garde-côtière chinoise, qui prévoit ses premières inspections en haute mer dans le Pacifique, ajoute une pression géopolitique. Déjà, 26 navires chinois ont été enregistrés pour des patrouilles dans la région par la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC), bien qu’aucune inspection n’ait encore été effectuée.
Lors d’une récente démonstration, Pékin a présenté l’un de ses plus gros navires à dix ministres insulaires, dont celui des Fidji, suscitant des interrogations sur les intentions réelles de la Chine. Si plusieurs pays du Pacifique collaborent économiquement avec la Chine dans le domaine halieutique, aucune invitation formelle n’a été émise pour que ses navires assurent la surveillance des ZEE locales.
L’équilibre fragile des pêcheries du Pacifique
Pour Sangaa Clark, directrice du Parties to the Nauru Agreement — représentant 9 États insulaires contrôlant la moitié du thon mondial en conserve —, la sécurité maritime reste l’apanage de partenaires traditionnels comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la France et les États-Unis.
Selon Peter Connolly, expert en sécurité régionale à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud :
« L’arrivée de la garde-côtière chinoise introduirait des tensions géostratégiques dans la gestion des ressources marines, en particulier entre pêcheurs taïwanais et chinois, les deux nationalités les plus impliquées dans la pêche illégale. »