Le Pacifique, nouveau front du trafic de drogue mondial
Le Pacifique Sud n’est plus seulement une zone de transit pour les stupéfiants entre l’Asie et l’Amérique. Il devient un véritable marché, sous l’influence grandissante des cartels latino-américains, des réseaux asiatiques et des groupes criminels d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Dans un rapport remis à la ministre associée de la Police néo-zélandaise Casey Costello, le Groupe consultatif ministériel sur la criminalité organisée évoque une infiltration transnationale croissante, marquée par des saisies records : cinq tonnes de méthamphétamine aux Fidji, quinze kilos au domicile d’un haut responsable tongien, dix kilos interceptés aux Samoa.
Le constat est clair : la drogue ne transite plus seulement, elle s’installe dans les rues locales, alimentant consommation, dépendance et corruption. Des réseaux puissants profitent des fragilités institutionnelles des îles, où népotisme, clientélisme et pauvreté facilitent les compromissions.
La Nouvelle-Zélande impliquée et menacée
Le rapport insiste : la Nouvelle-Zélande n’est pas un simple spectateur. Elle est concernée à double titre : comme point d’arrivée pour certaines cargaisons, et comme acteur contribuant au déséquilibre régional par les expulsions massives de criminels. Environ 1 000 expulsions sont attendues en 2025, dont 500 rien que vers les Fidji, créant un « tsunami » sécuritaire, selon les experts. Ces retours forcés renforcent les réseaux criminels locaux et compliquent la réinsertion.
Face à cela, Wellington renforce son arsenal : déploiement de maîtres-chiens, soutien douanier, formation de policiers insulaires et promesse d’augmenter les financements dès le budget 2025/2026. Mais des critiques émergent : pour le professeur José Sousa-Santos, « la Nouvelle-Zélande regarde les problèmes avec ses lunettes », sans prendre suffisamment en compte les dynamiques locales ni les attentes des gouvernements insulaires.
Des appels à l’action et une coopération en question
L’urgence est double : sécuriser les îles et préserver leur stabilité sociale. Car dans ces sociétés à petite échelle, l’arrivée de délinquants aguerris peut rapidement déstabiliser un tissu communautaire fragile. Les dirigeants du Pacifique demandent plus qu’une aide technique : ils réclament respect, partenariat et stratégies à long terme.
La ministre Costello, consciente des risques, promet une réponse gouvernementale. Elle insiste : « Quand les gens sont pauvres, il faut peu pour les corrompre. » Pourtant, aucun dispositif américain n’est prévu pour accompagner les expulsés. Le message de Washington est clair : « à chacun sa charge ».