La Banque mondiale revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour les pays insulaires du Pacifique : la progression économique passe de 5,5 % en 2023 à 2,6 % en 2024. Ce ralentissement est directement lié à la faiblesse de la conjoncture mondiale, à l’impact des catastrophes naturelles, aux chocs climatiques et à une dépendance persistante aux flux extérieurs.
Croissance en berne et dépendance extérieure
Selon le dernier rapport de l’institution, les économies du Pacifique subissent une série de fragilités structurelles. Leur dépendance aux aides étrangères, aux envois de fonds depuis l’étranger et aux importations de biens essentiels rend la région particulièrement vulnérable. Dans certains pays, les subventions extérieures représentent jusqu’à 40 % du revenu national brut.
La Banque mondiale note un effondrement de la dynamique dans les États reposant fortement sur le tourisme et les transferts de fonds, tels que les Samoa, les Tonga, les Palaos ou le Vanuatu. Leur croissance devrait chuter de moitié entre 2024 et 2025.
Aux Îles Salomon, la deuxième économie insulaire de la région, la croissance stagne autour de 2,5 %. En cause : la baisse des recettes issues de l’exploitation forestière et une diversification économique insuffisante.
L’inflation diminue mais reste élevée
Si l’inflation ralentit depuis son pic de 7,4 % en 2023, elle reste élevée à l’échelle des ménages. La Banque mondiale anticipe une baisse à 3,6 % en 2025, mais note que le coût de la vie demeure élevé. Cette situation pèse lourdement sur les populations, déjà affectées par des systèmes de protection sociale limités.
Les effets des chocs climatiques, de plus en plus fréquents, viennent encore aggraver les fragilités économiques, notamment dans des territoires qui peinent à financer leurs propres infrastructures de résilience.
Miser sur l’emploi des femmes pour relancer la région
Dans ce contexte difficile, le rapport identifie une piste stratégique : accroître la participation des femmes au marché du travail. Actuellement, seule 42,7 % des femmes en âge de travailler sont actives, contre près de 60 % chez les hommes.
Réduire cet écart permettrait, selon la Banque mondiale, d’augmenter à long terme le PIB par habitant de plus de 20 % dans la région. Il s’agirait d’un levier majeur pour améliorer la résilience économique des États insulaires.
Ekaterine Vashakmadze, économiste principale à la Banque mondiale, souligne que si les États ne peuvent pas agir sur les chocs extérieurs, ils peuvent en revanche renforcer leur socle interne grâce à des réformes structurelles durables.