Face au climat post-émeutes, au recul des subventions et à la défiance ambiante, les centres de loisirs du Nord offrent un souffle d’espoir aux enfants calédoniens.
Et si le vrai rempart contre le désespoir, c’était ça ? Un centre de loisirs bienveillant, des enfants qui rient, des animateurs qui s’accrochent malgré tout. Dans un territoire encore marqué par les émeutes de 2024, la peur diffuse et la raréfaction des moyens publics, les structures d’accueil jeunesse dans le Nord ne lâchent rien.
Preuve de cette résilience : la tournée récente de Vanessa Wacapo, présidente de la commission jeunesse et sport de la province Nord, auprès de deux centres emblématiques — à Koumac et à la tribu de Ouaré à Hienghène. Deux lieux où l’on fait encore le choix d’éduquer, d’éveiller, de protéger.
À Koumac : résister par l’éducation au bien-être
Dans les locaux communaux de Koumac, le Centre de Loisirs Sans Hébergement (CLSH) de la Caisse des écoles accueille 24 enfants de 3 à 12 ans, autour du thème “Santé & Bien-être”. Un message fort, dans une époque tendue, où le stress est devenu un quotidien partagé jusque dans les familles.
Amaëlle Quiniou, qui dirige l’équipe, le sait bien : ici, on fait plus que jouer. On soigne les blessures invisibles, celles nées du chaos social, de la peur des soirs de feu, de l’incompréhension face aux violences. Chaque atelier, chaque moment collectif devient une petite reconstruction. Un acte de résistance douce.
À Hienghène : redonner confiance en l’avenir par la culture locale
À la tribu de Ouaré, 30 jeunes de 6 à 17 ans participent à un centre de vacances avec hébergement, porté par l’association VALA’N WEDO NYA de Pouébo. Le thème ? « Découvrir une activité touristique, culturelle et économique locale ».
Un choix stratégique : valoriser les ressources du territoire pour redonner de l’espoir. Car ici aussi, les jeunes ont vu la violence, les routes barrées, les regards se durcir.
Moins de subventions, plus d’attentes : l’équation intenable
Mais cette volonté se heurte à un mur de plus en plus épais : la chute des subventions. Depuis plusieurs mois, les budgets jeunesse sont grignotés, parfois gelés. Les associations peinent à maintenir leurs effectifs. Certains projets sont annulés faute de financements.
Et pourtant, jamais les besoins n’ont été aussi forts. La jeunesse calédonienne a besoin de repères, de respiration, de perspectives. Et c’est dans ces centres, modestes mais essentiels, que se joue une part de la stabilité sociale du pays.
Ces lieux qui tiennent debout pour que les enfants le restent aussi
Dans un territoire fracturé, les centres de loisirs et de vacances ne sont pas des espaces accessoires. Ce sont des lieux de refuge, de réapprentissage du collectif, de prévention sociale en action.
Alors que la peur, le repli et la colère gagnent du terrain, ces initiatives locales méritent plus qu’un merci : elles méritent des moyens, de la reconnaissance, et surtout une vision politique à la hauteur des enjeux. Car si les enfants continuent à sourire à Koumac et Hienghène cet été, c’est bien grâce à des adultes qui refusent de baisser les bras.
@Agissons pour le Nord