Les chiffres sont glaçants. Dans le Pacifique, l’enfance se vit souvent sous la peur.
Des chiffres alarmants sur les violences faites aux enfants
91 % des enfants aux Samoa subissent des violences éducatives. Ce chiffre accablant provient de la dernière enquête MICS menée par l’UNICEF. Dans tout le Pacifique, les enfants — parfois dès l’âge de 5 ans — sont exposés à des pratiques violentes, au stress mental, à la négligence. Que ce soit à la maison ou à l’école, leur sécurité n’est pas garantie.
Les Samoa, avec ce taux de 91 %, arrivent en tête d’un classement peu glorieux. À Fiji et Nauru, 81 % des enfants âgés de 1 à 14 ans sont concernés. Des données qui confirment que la région Pacifique affiche l’un des taux les plus élevés de violences contre les enfants au monde.
L’UNICEF alerte : ces violences menacent durablement le développement, la santé mentale et la confiance des jeunes générations. Le constat est clair : les systèmes de protection de l’enfance sont défaillants.
Une réponse collective à l’échelle du Pacifique
Face à cette urgence, 11 pays insulaires du Pacifique se sont réunis lors d’une conférence régionale sur la protection de l’enfance en milieu scolaire. Objectif : mettre en place des politiques concrètes, efficaces et inclusives, du discours jusqu’aux actes.
Cette conférence a permis aux représentants de pays comme le Vanuatu, les Tonga, Tuvalu ou encore Kiribati de mutualiser leurs ressources et d’échanger sur les meilleures pratiques. Tous reconnaissent que les écoles doivent devenir des sanctuaires, et non des lieux de reproduction des violences.
Jonathan Veitch, représentant de l’UNICEF Pacifique, insiste :
« Avec des taux aussi élevés de violence, il est crucial d’assurer des écoles sûres, avec un encadrement psychologique solide. »
Un enjeu de société, un test pour les politiques publiques
Derrière les chiffres, c’est tout un modèle éducatif et social qui est remis en question. Le recours aux châtiments corporels reste profondément enraciné dans certaines pratiques familiales ou scolaires. Mais leur impact est désormais mesuré, documenté, prouvé.
Le programme MICS de l’UNICEF, l’un des plus importants au monde, offre des données comparables entre pays. Il suit près de 40 indicateurs des Objectifs du Développement Durable, essentiels pour mesurer les progrès — ou les retards — des États.
La conférence régionale s’inscrit dans le cadre du PacREF, un partenariat éducatif financé notamment par la Nouvelle-Zélande, l’ADB et le Partenariat mondial pour l’éducation.
Le message est limpide : aucune politique de développement ne peut ignorer la violence faite aux enfants. Elle mine les fondements de l’avenir. Et l’avenir, c’est eux.