L’Indonésie sort les muscles diplomatiques dans le Pacifique. Prabowo veut faire du riz, des armes… et des alliés.
L’Indonésie veut s’imposer comme puissance du Pacifique
Dans l’ombre des tensions sino-américaines, l’Indonésie accélère sa diplomatie régionale. En marge du sommet du MSG à Suva (Fidji), le vice-ministre des Affaires étrangères, Arrmanatha Nasir, a enchaîné les rencontres bilatérales de haut niveau. Objectif affiché : solidifier les liens avec les pays insulaires du Pacifique autour d’un mot d’ordre : prospérité partagée.
Face au Premier ministre fidjien Sitiveni Rabuka, Nasir a insisté sur la coopération bilatérale, la solidarité régionale et le rôle central de Fidji, nouveau président du MSG. « Fidji est un ami de longue date », a-t-il affirmé, tout en appelant à une unité géopolitique face aux défis mondiaux.
Le signal est clair : l’Indonésie ne veut plus être un simple spectateur des rapports de force en Asie-Pacifique. Elle veut peser.
Des millions de dollars, du riz… et des ambitions stratégiques
Cette stratégie s’accompagne de gestes concrets. Jakarta a offert 6 millions de dollars aux Fidji, officiellement pour alléger leur dette. Rabuka a salué un « partenaire de confiance » qui remonte à 1974. Mais derrière la courtoisie, le message est aussi économique et militaire.
Prabowo Subianto, président fraîchement élu, a déroulé sa vision d’autosuffisance alimentaire. Augmentation des rendements de riz et soja, nouvelles semences, développement du blé : l’Indonésie veut se poser en leader agri-tech régional, et attire les jeunes fidjiens dans ses écoles.
Mais le menu n’est pas que végétal : exercices militaires conjoints, rapprochements défensifs, discussions sur la sécurité régionale… L’agenda est également stratégique et sécuritaire, y compris avec l’Australie.
Le soft power indonésien s’infiltre dans les îles
Derrière ces accords bilatéraux, se dessine une politique d’influence assumée. L’Indonésie se positionne comme le trait d’union entre le monde insulaire océanien et l’Asie du Sud-Est. Coopération maritime avec les Îles Salomon, résilience climatique avec le FIP, échange avec le Vanuatu…
Jakarta veut étouffer les critiques sur la Papouasie occidentale, tout en courtisant ses voisins insulaires pour peser collectivement dans les instances régionales.
À l’heure où la Chine tisse ses routes de la soie océaniques, et où l’Australie défend son pré carré, l’Indonésie joue sa carte régionale avec méthode, humour (cf. la blague sur la moustache de Rabuka)… et ambition.