Des chercheurs français créent du paracétamol à partir de bouteilles plastiques usagées. C’est une première mondiale rendue possible par une ingénierie microbienne innovante, utilisant une souche modifiée d’Escherichia coli. Cette découverte, présentée comme un tournant pour la pharmacologie et la lutte contre la pollution plastique, ouvre la voie à une production pharmaceutique plus durable.
Une bactérie reprogrammée pour recycler les déchets
Au cœur de cette prouesse, une démarche en deux étapes : d’abord, des déchets plastiques — principalement du PET, le plastique utilisé dans les bouteilles — sont transformés chimiquement en acide téréphtalique. Ensuite, cette molécule est utilisée comme source de carbone par une souche d’E. coli génétiquement modifiée, qui synthétise l’acétaminophène (paracétamol).
Le processus complet s’appuie sur une voie biosynthétique artificielle intégrée dans le génome de la bactérie. Résultat : le micro-organisme est capable de convertir un résidu polluant en molécule pharmaceutique.
Une alternative écologique à la fabrication chimique
Jusqu’à présent, le paracétamol était produit via des procédés industriels lourds, consommant des dérivés pétrochimiques et générant des rejets chimiques. Avec cette nouvelle méthode, les chercheurs ouvrent la voie à un procédé plus propre, réduisant la dépendance aux hydrocarbures et valorisant les plastiques usagés, omniprésents dans nos déchets.
Selon les premières estimations, cette technologie permettrait de recycler plusieurs tonnes de déchets plastiques tout en générant un médicament essentiel utilisé quotidiennement dans le monde entier.
Une avancée encore expérimentale mais prometteuse
Cette technologie, développée dans le cadre d’une collaboration entre plusieurs laboratoires publics français, dont le CNRS, n’en est qu’à ses débuts. Il s’agit pour l’instant d’une preuve de concept en laboratoire. Mais les perspectives sont vastes : production locale et circulaire, réduction des coûts de fabrication, diminution de l’empreinte carbone de l’industrie pharmaceutique.
Les chercheurs espèrent désormais pouvoir industrialiser le processus à moyen terme, en adaptant la technologie à grande échelle et en optimisant les rendements de production.