Rachida Dati s’insurge contre l’investiture de Michel Barnier. En jeu : une circonscription prestigieuse, et plus encore, le leadership sur Paris.
Une investiture qui met le feu aux poudres
Le choix de Michel Barnier par la CNI des Républicains a déclenché une crise politique interne majeure. Officiellement investi pour représenter le parti à la législative partielle dans la 2e circonscription de Paris, l’ex-Premier ministre s’oppose à une ministre en exercice… du même camp. Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et figure incontournable de la droite parisienne, a immédiatement annoncé sa candidature dissidente, balayant l’autorité du parti d’un revers de main.
Ce duel fratricide cristallise des tensions accumulées depuis des mois. Dati considère ce territoire comme son bastion naturel. Pour elle, cette élection est un marchepied vers les municipales de 2026. Barnier, lui, jure qu’il ne cherche aucun autre mandat. Mais son retour en scène, soutenu par Bruno Retailleau, est perçu comme une tentative déguisée de reprendre la main sur la droite parisienne, voire plus…
La guerre d’investiture vire à la guerre d’ego. Et ce ne sont pas les appels à l’apaisement qui manquent : Agnès Evren, Valérie Pécresse ou encore François-Xavier Bellamy tentent de sauver l’unité. Mais la machine est lancée, et les ambitions personnelles supplantent les stratégies collectives.
Dati contre tous : un bras de fer au sein du parti
Rachida Dati ne plie pas. Elle annonce sa candidature « quoi qu’il arrive » et accuse ouvertement Michel Barnier de parachutage politique. Dans son camp, elle s’appuie sur des sondages flatteurs et une implantation de longue date. Sa stratégie ? Se poser en seule alternative crédible face à la gauche, tout en contestant les décisions d’une direction LR qu’elle juge déconnectée.
La réaction du parti est ambiguë. Officiellement, la ligne est claire : Barnier aux législatives, Dati aux municipales. Mais en coulisses, la méfiance domine. La ministre de la Culture réclame un blanc-seing pour Paris, exige des garanties sur les listes, rejette certains noms honnis… et heurte ainsi les équilibres internes. Pour les caciques du parti, Dati en demande trop, trop tôt.
Un bras de fer s’installe. La direction veut attendre l’avis du Conseil constitutionnel sur la loi PLM, attendu le 7 août avant de finaliser les investitures municipales. Dati, elle, veut verrouiller son avance maintenant. En attendant, les frictions s’aggravent, les clans se reforment, et la perspective d’une droite unie s’éloigne dangereusement.
Une circonscription sous haute tension
La 2e circonscription de Paris, autrefois bastion sûr de la droite, devient un champ de bataille. Longtemps considérée comme imprenable par la gauche, elle a failli basculer l’an dernier. Et cette fois, avec une droite divisée, rien n’est joué. Le RN et les socialistes observent, attendent… et affûtent leurs armes.
Le RN, avec Thierry Mariani, entend bien s’engouffrer dans la brèche. Ancien ministre de Nicolas Sarkozy, passé au Rassemblement national, il voit dans ce territoire huppé une opportunité rare. À gauche, les candidatures s’organisent également. En embuscade, tous comptent sur l’échec d’un accord entre Barnier et Dati pour faire basculer le rapport de forces.
Les Républicains risquent gros. Une victoire de Dati en dissidence affaiblirait l’autorité du parti. Une défaite commune, face à un camp adverse rassemblé, signerait une double humiliation. Dans les deux cas, c’est l’image d’un parti en ordre de bataille pour 2026 qui s’effondrerait.
Au lieu d’une stratégie unifiée pour reconquérir la capitale, LR s’offre une guerre de tranchées entre ses figures les plus médiatiques. Derrière les discours de façade, c’est bien un affrontement brutal pour le contrôle de Paris qui se joue. Une bataille d’egos qui pourrait coûter cher dans les urnes.