Un véhicule du SAMU a été caillassé en pleine intervention à Nouméa. Ce n’est pas un fait divers. C’est une alerte rouge pour notre société.
L’ambulance, nouveau champ de bataille ?
Vendredi dernier, alors qu’elle intervenait en urgence sur un appel vital, une ambulance du SAMU a été la cible de jets de projectiles. Aucun soignant n’a été physiquement blessé, mais le choc est moral, psychologique. Intolérable.
Viser un véhicule de secours, c’est viser la vie des autres, c’est entraver l’accès aux soins, c’est fragiliser un pilier essentiel de notre société. Ces équipes ne sont pas armées. Elles n’ont ni gilet pare-balles ni casques lourds. Elles ne disposent que leur engagement, leur humanité et leur sang-froid pour affronter l’urgence.
Ce n’est pas la première fois que les soignants sont pris à partie. Mais voir une ambulance devenir la cible d’actes hostiles représente un point de bascule inquiétant. Un système déjà affaibli par des mois de tensions sociales, notamment durant la crise de mai 2024, ne peut se permettre ce type d’attaque.
Soigner sous la menace : un quotidien insupportable
Les urgences calédoniennes tournent déjà à flux tendu. Pénurie de médecins, hôpitaux saturés, épuisement du personnel : les fondations tremblent. Ajouter à cela l’insécurité pour les équipes mobiles, c’est saper l’ultime rempart.
Les intervenants du SAMU répondent présents 24 h/24, dans tous les quartiers, quelles que soient les circonstances. Ils interviennent pour tout le monde. Riches, pauvres, jeunes, vieux. Sans distinction. Sans jugement.
Alors pourquoi les cibler ? Pourquoi ajouter la peur à l’urgence ? La violence n’a pas sa place face à celles et ceux qui sauvent nos enfants, nos parents, nos voisins. Une ambulance, c’est un cocon fragile entre la vie et la mort. Ce n’est ni une menace ni un ennemi.
Au-delà de l’acte lui-même, c’est une forme de rupture du lien social. Une ambulance caillassée, ce n’est pas juste du verre brisé. C’est la confiance collective qu’on fissure, c’est le pacte républicain qu’on viole, c’est l’humanité qu’on renie.
Respecter les soignants, c’est respecter la société
Ceci n’est pas un simple coup de gueule. C’est un appel au respect, au bon sens, à la décence. Il est encore temps de rétablir un cercle vertueux, de protéger ceux qui nous protègent.
Le SAMU n’est pas un bouclier. C’est une main tendue. Une réponse à l’urgence. Une présence rassurante dans la panique. Leur mission est vitale. Notre respect l’est tout autant.
Le soutien à ces équipes ne doit plus être silencieux. Il doit être visible, massif, citoyen. Les Calédoniens ne doivent pas tolérer que leurs soignants soient pris à partie. Sinon, demain, qui viendra quand vous appellerez à l’aide ?
Nous devons exiger la sécurité des ambulanciers, des infirmiers, des médecins de terrain. Et cela passe par un sursaut collectif. Il en va de notre capacité à préserver un accès égal et humain aux soins d’urgence.
Quand le SAMU devient une cible, c’est la République qui chancelle. Ce n’est pas une question de faits divers, c’est une question de survie collective. Refusons la banalisation de la violence. Exigeons des moyens, du respect, de la protection pour celles et ceux qui sauvent nos vies.
Protéger les soignants, c’est protéger notre dignité.