Accusant le gouvernement de sacrifier les plus modestes, la Fédé dénonce une stratégie de libéralisme masqué. Selon elle, l’accord-cadre valide une politique d’appauvrissement collectif.
Un consensus de façade pour une politique de casse sociale
La Fédération des fonctionnaires monte au front. Absente des groupes de travail pour avoir refusé de signer l’accord-cadre, la Fédé se pose en témoin lucide d’un « projet destructeur ». Ce jeudi 1er août, elle a publié un communiqué au vitriol, fustigeant une « unanimité fictive » au sein du gouvernement. La veille, l’exécutif local a en effet adopté sans débat une série de mesures issues du PS2R, que la Fédé n’a cessé de dénoncer ces derniers mois.
En ligne de mire : la réforme de l’impôt sur les sociétés, dont le taux baisse sans la moindre compensation fiscale. Résultat : une perte direct de recettes pour les caisses publiques de la Nouvelle-Calédonie, au bénéfice des plus aisés. Selon la Fédé, cette mesure « sacrifie les finances de la collectivité » sans contrepartie sociale.
Plus grave encore, l’austérité frappe de plein fouet les classes populaires. Allocations familiales rabotées, aides au logement menacées, gel des avancements pour les fonctionnaires : la Fédé parle d’un « choix politique assumé » d’appauvrir la population.
Fonctionnaires sanctionnés, niches préservées : le deux poids, deux mesures
Il s’agit là de l’une des critiques majeures du communiqué : le gel des avancements des 20 000 agents publics calédoniens, soit 1,7 milliard de francs bloqués sur deux ans. Une mesure brutale, qui contraste avec le maintien intégral des exonérations fiscales en faveur des entreprises, chiffrées à 49 milliards. La Fédé dénonce un traitement inégal, qui pénalise les familles salariées tout en épargnant les plus puissants.
En l’absence de réforme structurelle, les syndicats redoutent une suite encore plus explosive : une refonte de la TGC qui pénaliserait les ménages. L’objectif, selon la Fédé, serait de relancer artificiellement la consommation pour compenser les cadeaux faits aux entreprises. Un scénario qui transformerait la fiscalité indirecte en instrument d’injustice sociale.
La centrale alerte aussi sur l’absence de garde-fous institutionnels. Reléguée en marge des négociations, elle accuse les pouvoirs publics de gouverner à huis clos, au mépris du pluralisme syndical. Elle se dit exclue de tous les cénacles décisionnels pour avoir dit non à l’accord-cadre, mais revendique plus que jamais un rôle de contre-pouvoir.
Justice sociale ou austérité déguisée ? La Fédé réclame un vrai cap
Pas question de s’opposer à la relance économique, affirme la Fédé. Mais pas à n’importe quel prix. Oui aux investissements structurants, non à l’austérité aveugle. Oui à une maîtrise des dépenses, mais sans sacrifier les plus vulnérables. La centrale appelle à une réorientation budgétaire franche, avec une priorité donnée aux allocations sociales, à la solidarité, et non aux exonérations fiscales.
Elle invite les élus du Congrès à sortir du confort politique et à reprendre la main sur les orientations budgétaires. Elle appelle le ministère des Outre-mer à entendre ses alertes, et interpelle directement l’opinion publique. Pour la Fédé, le projet PS2R repose sur un double langage : derrière les promesses d’équité, c’est un programme d’inégalités institutionnalisées qui se met en place.
L’enjeu est clair : construire une politique humaine, équitable et transparente, loin des logiques de court terme dictées par la pression économique. Pour la Fédé, c’est désormais une question de survie sociale.