En Nouvelle-Calédonie, les conséquences économiques des émeutes de mai 2024 prennent une tournure dramatique. Le nombre de dossiers de surendettement explose.
Une crise sociale qui s’aggrave depuis les émeutes de 2024
Le chiffre est saisissant : 131 dossiers de surendettement ont été enregistrés au premier semestre 2025 par l’agence IEOM de Nouméa, contre 36 un an plus tôt. Cela représente une augmentation de 264 %, un record absolu depuis la mise en place du dispositif. Les tensions sociales de mai 2024 ont laissé des traces durables dans l’économie calédonienne, en particulier chez les ménages les plus fragiles.
Électricité, gaz, téléphone : les factures impayées s’accumulent, entraînant découverts, frais bancaires et incidents de paiement en cascade. Très vite, les crédits à la consommation prennent le relais pour boucler les fins de mois. Mais une fois l’engrenage enclenché, le budget familial bascule. Le dépôt d’un dossier de surendettement devient alors la seule issue possible.
La Polynésie française n’est pas épargnée : 69 dossiers ont été déposés au deuxième trimestre 2025, contre 51 à la même période en 2024, soit une hausse de 35 %. Si l’impact y est moins brutal, la tendance reste préoccupante. À Wallis-et-Futuna, en revanche, aucune structure de traitement du surendettement n’existe, bien que des conseils personnalisés soient accessibles via les agences locales de l’IEOM.
Une procédure encadrée pour stopper l’hémorragie financière
Face à cette vague, l’IEOM rappelle les outils disponibles pour éviter l’effondrement des ménages surendettés. Dès qu’un dossier est jugé recevable par la commission, plusieurs mesures immédiates peuvent être activées :
Suspension des intérêts sur les crédits en cours,
Gel des frais de rejet bancaire,
Arrêt de certaines saisies sur salaires ou comptes,
Et surtout, information systématique des créanciers.
En fonction de la situation du demandeur, la commission peut proposer un étalement des remboursements, une pause temporaire, voire une annulation partielle ou totale des dettes. Cette procédure de surendettement s’adresse aux particuliers de bonne foi, domiciliés en Polynésie française ou en Nouvelle-Calédonie, qu’ils soient salariés ou inactifs. Les artisans, agriculteurs ou professions libérales, eux, doivent passer par d’autres dispositifs collectifs.
L’objectif est clair : offrir un second souffle à ceux qui ne parviennent plus à remonter la pente, tout en responsabilisant les emprunteurs dans la gestion de leur budget futur. Encore faut-il que les intéressés osent franchir le pas.
Déposer un dossier : mode d’emploi et précautions essentielles
La procédure débute par le téléchargement d’un formulaire, disponible en ligne ou en agence. En Polynésie française, il peut même être rempli directement via la plateforme numérique Reoara. Une fois le dossier préparé, il doit être accompagné :
d’une lettre explicative claire sur les causes du surendettement,
de pièces justificatives (relevés de compte, fiches de paie, factures),
de photocopies d’une pièce d’identité,
et de la signature du demandeur (et du conjoint, si nécessaire).
Le tout peut être envoyé par courrier ou déposé en main propre à l’IEOM de Nouméa ou de Papeete. Après réception, la commission évalue la recevabilité du dossier. Si celui-ci est complet, un plan de redressement personnalisé peut être enclenché.
Dans les cas les plus critiques, un rétablissement personnel avec effacement des dettes peut être envisagé. Durant toute la durée du traitement, les saisies sont suspendues, sauf pour les pensions alimentaires. Et aucun nouveau crédit ne peut être contracté, afin de limiter le risque d’aggravation.
La flambée du surendettement révèle un malaise profond dans les économies ultramarines. La Nouvelle-Calédonie, encore secouée par les émeutes, voit ses familles plonger dans l’asphyxie budgétaire. Si l’IEOM offre un filet de sécurité, il reste encore trop peu connu, et trop peu sollicité.
Dans cette crise silencieuse, l’accès à l’information et à l’accompagnement devient une urgence sociale.