La fronde anti-Arcom prend de l’ampleur : plus de 10 000 signatures pour sa suppression
C8, Hanouna, et la fin d’une certaine idée de la télé
Le 28 février 2025, l’Arcom a frappé fort. Trop fort, pour certains. En retirant à C8 et NRJ12 leur fréquence TNT, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique a déclenché une onde de choc médiatique et politique. En première ligne, Cyril Hanouna. L’animateur star de Touche pas à mon poste dénonce un « plan prémédité », « sans débat », orchestré pour faire taire une voix populaire — la sienne. Quelques jours après la fin de C8, il relance TPMP… sur YouTube, Dailymotion, Molotov, et même les box TV. Une résistance numérique, mais surtout un message clair : « On ne me fera pas taire. »
Une pétition citoyenne qui grimpe
Dans la foulée de cette fermeture explosive, une pétition réclamant la suppression pure et simple de l’Arcom a été mise en ligne sur le site officiel de l’Assemblée nationale, le 24 juillet dernier. À l’initiative d’Arnaud Borderie, elle dénonce une autorité « coûteuse, inutile et liberticide », dont le budget annuel approche les 50 millions d’euros pour un résultat jugé « stérile » et « bureaucratique ». L’auteur y voit une régression vers « l’ORTF des années 80 », un organe « sourd à la pluralité des opinions » et entièrement « soumis à l’État ».
Résultat : plus de 10 000 signatures en moins de dix jours, dopées par des relais influents sur X (ex-Twitter). Et ce n’est peut-être qu’un début. Si le seuil des 100 000 signatures est franchi, la pétition pourra faire l’objet d’un débat à l’Assemblée nationale. À 500 000, la Conférence des présidents pourra même organiser une séance publique.
La droite dégaine, Hanouna contre-attaque
La cause a trouvé des soutiens de poids. Éric Ciotti s’est déclaré dès février favorable à la suppression de l’Arcom, préférant « supprimer l’autorité plutôt que C8 ». Sarah Knafo, eurodéputée Reconquête, avait elle aussi été empêchée de s’exprimer sur CNews en novembre 2024. Elle fustige aujourd’hui une « tendance liberticide » croissante en France. Gilbert Collard, de son côté, parle d’un « instrument administratif de contrôle culturel qu’aucune démocratie ne devrait accepter ».
Face à ces critiques, l’Arcom se retranche derrière la loi de 1986 sur la liberté de communication. Elle rappelle que les fréquences sont une « ressource publique rare », soumise à des obligations strictes : pluralisme, protection des mineurs, fiabilité de l’information. Des engagements que C8, selon le Conseil d’État, n’aurait pas respectés.
Hanouna, symbole d’un clash culturel
Mais pour des millions de Français, Cyril Hanouna reste le visage d’un autre type de liberté : celle de parler franc, d’ouvrir l’antenne aux sans-voix, de déranger les puissants. Avec TPMP, il rassemblait 1,5 million de téléspectateurs chaque soir, un chiffre que peu de chaînes peuvent encore revendiquer. Sa suppression est vécue comme une sanction politique, voire comme un « scandale démocratique », selon Arnaud Borderie.
Sur On marche sur la tête, Hanouna ne cache pas sa colère :
Je savais qu’ils allaient faire exploser C8. J’avais tout anticipé. Je n’ai jamais eu confiance en ces gens-là.
Le fond du débat : liberté ou contrôle ?
Derrière cette affaire, c’est une vision du service public audiovisuel qui s’affronte. D’un côté, une autorité qui revendique un rôle de garant de l’intérêt général. De l’autre, des voix populaires, parfois brutales mais vivantes, accusant l’État de vouloir lisser, censurer, moraliser.
Un affrontement qui pose une question brûlante : Qui décide de ce qu’on peut entendre à la télé ?