À chaque élection, ils sortent du silence. Cette fois, c’est une pétition. Construire Autrement, micro-parti fantôme du paysage calédonien, dénonce un “hold-up démocratique” autour du report des provinciales à 2026. Mais derrière les grands mots, une réalité crue : sans buzz, ce mouvement retombe dans l’oubli.
Un coup de com’ maquillé en croisade citoyenne
C’est un scénario bien connu en Nouvelle-Calédonie : à l’approche de chaque élection, certains partis surgissent des profondeurs pour tenter de respirer l’air des campagnes électorales. Construire Autrement, formation aussi discrète qu’inconstante, vient de réapparaître, pétition sous le bras, pour dénoncer un possible report des élections provinciales à juin 2026.
Sous couvert de défense de la démocratie, c’est d’abord une opération de visibilité, un baroud d’honneur pour exister médiatiquement, là où les urnes n’ont jamais vraiment validé leur légitimité. 1 852 voix en Province Sud en 2019. 1 461 voix aux législatives de 2022. Un score confidentiel qui ne permet ni de siéger, ni d’influencer. Alors, on crie au hold-up démocratique, quitte à travestir une réalité juridique bien plus complexe.
Un report inévitable… et déjà acté par les faits
La menace d’un report à 2026 n’est pas un complot. C’est une conséquence technique, juridique, constitutionnelle. Depuis que le Conseil d’État a transmis une QPC sur le gel du corps électoral au Conseil constitutionnel, tout le calendrier est suspendu. Aucune convocation électorale ne peut être émise tant que la décision n’est pas tombée — et elle ne viendra pas avant le 10 septembre.
En clair : l’élection de novembre 2025 est déjà morte-née. Et Construire Autrement le sait très bien. Alors, pourquoi cette pétition maintenant ? Pour faire parler, pour se positionner. Pas pour peser. Car dans ce débat complexe, la seule chose qui manque dans leur discours, c’est la solution.
S’opposer pour durer ? Les limites d’un populisme hors-sol
Dans le désert électoral néo-calédonien, s’opposer pour exister est devenu un mode de survie. Mais la politique ne se résume pas à tendre un micro devant un vide. Construire Autrement ne construit rien. Il commente. Il dénonce. Il s’indigne. Mais où était ce parti durant les grands débats institutionnels de 2023 ? Où est-il lorsqu’il s’agit de proposer un vrai projet économique, social ou éducatif pour les Calédoniens ?
Comme Convergences Pays, ou tant d’autres éphémères, ce parti finira probablement par rejoindre la longue liste des formations qui surgissent au moment des scrutins, pour retomber dans l’oubli dès le lendemain.
Car l’opposition stérile a ses limites. Seul le bon sens et le réel finiront par trancher. Et dans le réel, il faut bâtir, pas seulement s’indigner. Il faut convaincre, pas seulement crier au scandale.
La démocratie mérite mieux qu’un faire-valoir électoral
Oui, le report des élections pose une question démocratique majeure. Mais cette question mérite mieux qu’un buzz politique de circonstance. Elle mérite un vrai débat sur la représentativité, sur le respect des accords, sur la transition institutionnelle.
Pas un happening d’un parti marginal qui surfe sur l’indignation pour obtenir une minute de lumière.
Signer une pétition est un droit. Le faire au nom de la démocratie est un devoir. Mais instrumentaliser cette inquiétude pour ranimer un micro-parti en panne d’adhérents, c’est de la récupération. Et la démocratie n’a pas besoin de récupérateurs. Elle a besoin de bâtisseurs.
Dernière leçon, pour mémoire :
On peut prêcher l’urgence démocratique. Mais encore faut-il exister politiquement en dehors des périodes électorales.Sans quoi, c’est l’électeur, pas le pouvoir, qui vous renvoie dans les abysses.