Près de 2 tonnes de drogue et des armes de guerre à bord d’un voilier stoppé aux Marquises : une saisie historique qui expose crûment l’ampleur du narcotrafic transpacifique.
Une opération méthodique et décisive
Le voilier a été intercepté dans la nuit du 14 au 15 juillet, alors qu’il faisait escale à Nuku Hiva. À son bord, un capitaine allemand et un passager hollandais. Lors de la première inspection, plus de 900 kg de cocaïne et 180 kg d’ice ont été découverts. Mais ce n’était que le début.
Rapatrié à Papeete, le navire a été entièrement démantelé par les équipes de l’OFAST (Office anti-stupéfiants), des douaniers, de la section de recherches de la gendarmerie, des fusiliers marins et des équipes cynophiles. Les caches intégrées à la structure du voilier ont révélé 714 kg supplémentaires de cocaïne et près de 50 kg d’ice. Cette fouille approfondie a également permis la découverte d’armes à feu, dissimulées à bord d’un bateau manifestement modifié au Mexique.
Une organisation complexe, méthodique, qui a nécessité le convoyage du navire par la Marine nationale, une surveillance militaire constante et une coordination multi-agences jusque dans les moindres recoins du bateau.
Un trafic bien connu mais sous surveillance renforcée
Ce corridor maritime, reliant l’Amérique latine productrice à l’Australie consommatrice, est connu de longue date des services de l’État. Mais cette saisie, de par sa quantité, la qualité des drogues et la présence d’armes professionnelles, inquiète les autorités locales. Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva, a déjà réclamé un renforcement des contrôles dans la zone.
Avec seulement trois gendarmes sur l’île et l’absence d’incinérateur local, la logistique de stockage et de destruction de la drogue pose de réels défis — le tout dans une région de 5,5 millions de kilomètres carrés, aux frontières maritimes complexes.
Mais le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, l’assure :
L’État ne relâchera jamais la pression. Et de saluer, sur X, une opération exceptionnelle et une saisie historique .
Un message fort adressé aux narcotrafiquants, qui utilisent de plus en plus la Polynésie française comme point de passage stratégique vers l’Océanie.
Des implications judiciaires majeures
Les deux membres d’équipage, de nationalités allemande et hollandaise, ont été placés en détention provisoire le 18 juillet, après leur garde à vue et leur passage en rétention douanière. Ils sont désormais poursuivis pour importation, détention, transport de stupéfiants, importation de marchandises prohibées et association de malfaiteurs.
La saisie, estimée à 39,5 milliards de francs CFP, constitue la plus importante jamais réalisée en Polynésie française. Elle marque une rupture : c’est la première fois que les services de l’État découvrent des armes de poing modernes à bord d’un bateau convoyeur de drogue, ainsi qu’une telle quantité d’ice destinée à l’exportation vers l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.
Cette affaire met en lumière un changement d’échelle dans les réseaux transnationaux de drogue. Et interpelle sur la vulnérabilité des zones ultramarines, trop souvent vues comme de simples zones de transit, mais qui pourraient devenir, à terme, des zones d’implantation pour ces réseaux.