Le district de Ny refuse la banalisation d’un acte jugé raciste. Une lettre incendiaire au Haut-Commissaire.
Un parfum de scandale politique et identitaire entoure la Foire de Bourail 2025. Dans un courrier daté du 4 août, le district de Ny, par la voix de son président Kareu David, dénonce avec vigueur un incident survenu autour de la célébration du 8 mai, en pleine préparation de la Foire agricole. En cause : la descente du drapeau kanak sur la place publique. Un geste perçu non comme une maladresse mais comme un acte volontairement provocateur, porté par un individu identifié et assumé. L’affaire prend des allures de fracture communautaire.
Une lettre d’indignation formelle au Haut-Commissaire
C’est avec un ton solennel et une rhétorique sans détour que le président Kareu David s’est adressé au représentant de l’Etat. Il y exprime son « indignité profonde » face à l’attitude des organisateurs de la Foire, qui semblent faire fi, selon lui, des alertes répétées sur la montée d’un climat d’hostilité raciale banalisée.
Le président rappelle que « la descente du drapeau kanak n’est pas un fait isolé, mais le résultat d’une série d’actions malintentionnées ». Pour le district de Ny, l’individu à l’origine de cet acte — clairement désigné, sans être nommé, comme Levay Roy — aurait délibérément « nié l’identité kanak », en s’attaquant à l’un de ses symboles.
« Se manifester le 08 mai pour ternir le Kanak comme une négation de seconde zone », écrit le district, revient à piétiner les valeurs de respect, de décence et de loyauté. Un acte « indigne des valeurs loyalistes ».
Le vivre-ensemble pris en otage
À travers ce courrier, c’est une fracture plus large qui se dessine : celle entre le respect du vivre-ensemble et la montée d’un sentiment de rejet, voire de suprématie. Le district accuse « un électron nuisible » de polluer les dynamiques de concorde. L’individu concerné aurait, selon le courrier, revendiqué son action sur les réseaux sociaux et auprès des institutions. Malgré les alertes du district, il n’aurait été ni recadré, ni désavoué.
Le district pointe également l’inaction des pouvoirs publics locaux qui, selon lui, ferment les yeux sur des actes répétés. La Foire, pourtant symbole de l’unité et du patrimoine commun calédonien, devient alors un terrain de crispation identitaire.
La foire de Bourail est une festivité qui nous est commune et dont le peuple du pays en a fait un pôle d’attraction annuelle…
Un rappel à la mémoire collective, mais aussi un appel à ne pas laisser les tensions politiques et raciales gâcher une célébration populaire ancrée depuis les années 1970.
Ultimatum : le district ne participera pas à la soumission
Le ton monte en fin de courrier. Le district de Ny exige le retrait de Levay Roy de toute responsabilité liée à l’événement. Il refuse de s’associer à une Foire qui cautionnerait, même implicitement, « un acte racial récurrent » perpétré dans l’indifférence et la négligence.
Le District de Ny ne s’induira une énième fois à la promotion de la soumission
L’affaire devient politique : la lettre s’adresse non seulement au Haut-Commissaire, mais aussi à l’opinion publique. Elle évoque un « verdict de tribunal populaire », assumant que si l’État ne tranche pas, le district tranchera lui-même.
Une Foire sous tension
La Foire de Bourail, rendez-vous populaire et agricole incontournable, se retrouve désormais prise dans un tourbillon de tensions communautaires et de revendications identitaires. Le district de Ny, historiquement impliqué dans sa mise en place, pose un ultimatum : sans retrait de la personne incriminée, sa participation est remise en cause.
La situation reflète la fragilité du vivre-ensemble calédonien, dans un climat national et territorial toujours marqué par les débats post-Accord de Bougival.