Nauru invente la citoyenneté climatique et attire ses premiers investisseurs. Une famille allemande obtient la nationalité nauruane pour 105 000 dollars. Un nouveau modèle mêlant migration choisie et financement de la transition climatique.
Un programme inédit : citoyenneté contre résilience climatique
Face aux risques existentiels liés au changement climatique, la petite république de Nauru (11 000 habitants) frappe fort. Classée parmi les pays les plus vulnérables au monde selon l’Indice de Vulnérabilité Multidimensionnelle de l’ONU, l’île du Pacifique lance un programme sans équivalent : vendre sa nationalité à des investisseurs souhaitant contribuer à la résilience climatique et économique du pays.
Lancé lors de la COP29, ce « Programme de citoyenneté pour la résilience » permet à toute personne éligible d’obtenir un passeport nauruan contre 105 000 dollars US, sous réserve de contrôles de sécurité poussés. Selon Edward Clark, directeur du programme, seuls des individus capables de « contribuer à l’avenir de Nauru » seront retenus.
Une famille allemande, premier citoyen climatique
Le premier bénéficiaire ? Une famille allemande de quatre personnes, résidant à Dubaï, qui vient de vendre son entreprise familiale. En quête d’un « plan B » face à l’instabilité politique mondiale, elle a choisi Nauru pour son positionnement unique : un pays à la fois menacé par la montée des eaux… et tourné vers l’avenir grâce à l’investissement vert.
Le processus, géré par Henley & Partners, a duré moins de quatre mois. Les dossiers sont passés au crible par les forces de l’ordre internationales. « La réputation de Nauru est en jeu », souligne Edward Clark. Ce cadre financier veut garantir un standard de transparence et de sérieux dans ce type de migration par investissement.
Objectif : financer l’adaptation et relocaliser la population
Ce programme n’est pas une simple opération de séduction pour millionnaires en mal de passeports exotiques. Nauru veut utiliser ces fonds pour ses grands projets d’adaptation, notamment “Higher Ground”, un plan massif de relocalisation de la population vers des zones plus élevées, loin du littoral menacé.
L’initiative entend aussi renforcer la sécurité alimentaire et hydrique du pays, développer des infrastructures durables et diversifier une économie jusque-là ultra dépendante de l’aide étrangère.
Henley & Partners, qui gère aussi d’autres programmes dans les Caraïbes ou au Vanuatu, estime que cette approche est un exemple de « mobilité responsable », orientant les capitaux vers des projets à impact écologique concret.