Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire économique, le président fraîchement réélu de la CCI, David Guyenne, a choisi de… partir en vacances. Une dizaine de jours d’absence, actée en plein milieu de la visite officielle de Claire Durrieu, envoyée spéciale de Matignon pour piloter la reconstruction du territoire. Résultat : la CCI change (temporairement) de président.
Intérim présidentiel en pleine crise
Dans un communiqué interne publié cette semaine, la Chambre de commerce et d’industrie a annoncé la nomination de Stéphane Yoteau et de Jessica Bouye, élus consulaires, comme présidents par intérim. Ils assureront les fonctions jusqu’au retour de David Guyenne, censé reprendre ses responsabilités après ses congés.
Officiellement, il ne s’agit que d’une « délégation de signature » — en clair, une désignation temporaire. Mais dans les faits, cela revient à laisser le navire sans capitaine, alors que la houle n’a jamais été aussi forte.
Une absence malvenue
Claire Durrieu, nommée par le Premier ministre en personne, est actuellement en mission sur le territoire. Elle incarne l’autorité centrale de la reconstruction, chargée de piloter un plan de réformes économiques pluriannuel, de superviser les aides post-émeutes, et de mettre en place une gouvernance unifiée du nickel. Elle est « l’interlocuteur de référence » selon Manuel Valls lui-même.
Et que trouve-t-elle à son arrivée ? Un président de la CCI… aux abonnés absents.
Il faut bien mesurer l’ampleur du non-sens : pas de président élu de la principale institution économique du pays pour accueillir celle qui incarne la main tendue (et le chéquier) de l’État. Aucun signal, aucune vision, aucun pilotage. Ni sur la relance des entreprises, ni sur les chantiers prioritaires, ni sur la place du privé dans le plan de reconstruction.
Quand l’irresponsabilité devient une méthode
Le timing est déconcertant, mais pas si étonnant. Depuis sa réélection controversée, David Guyenne cumule les casseroles : enquête pour abus de biens sociaux, soupçons de fraude fiscale, et un bilan économique plus que fragile. Face à cette tempête, le président choisit… la plage.
Dans n’importe quelle autre démocratie économique, une telle décision aurait provoqué un tollé. Ici, elle passe presque inaperçue, comme si l’anomalie était devenue la norme. On déserte son poste pendant que les patrons s’effondrent, que les PME attendent des garanties, et que Paris tente de remettre de l’ordre dans le chaos.
Une CCI sous contrôle ?
Certains observateurs y verront peut-être une mise en retrait stratégique, dans un contexte judiciaire de plus en plus pesant. D’autres, un simple manque de conscience politique. Mais ce qui est sûr, c’est que la crédibilité de la CCI prend un nouveau coup.
Pendant que Stéphane et Jessica assurent l’intérim, l’État s’impatiente, les entrepreneurs s’inquiètent, et la population doute. Comment reconstruire un pays quand ceux qui sont censés porter la relance préfèrent disparaître du radar ?
La réponse est peut-être dans cette phrase de Mimsy Daly, présidente du MEDEF NC :
Il faudra du temps, beaucoup de temps, pour reconstruire… mais cela ira plus vite si tout le monde s’y met rapidement.
Encore faut-il que tout le monde soit là.