Un rendez-vous gourmand, festif et convivial au cœur de la brousse calédonienne
Une matinée festive aux couleurs du terroir
Ce dimanche 10 août, la place de la mairie de Farino se transformera en un écrin vivant, où les parfums du terroir se mêleront aux sons des ukulélés et aux couleurs chatoyantes des danses tahitiennes. De 8 h à 13 h, habitants et visiteurs sont invités à découvrir ou redécouvrir les saveurs calédoniennes, dans une ambiance que seule la brousse sait offrir.
Les allées seront bordées d’une multitude de stands : fruits et légumes fraîchement cueillis, confitures artisanales, tresses de vanille, miel doré, épices parfumées, mais aussi artisanat local fait avec soin. Les producteurs et artisans partageront volontiers leurs secrets et anecdotes, offrant bien plus qu’une simple transaction commerciale.
Cette édition spéciale, « Hommage à Mamie Fogliani », mettra à l’honneur celle qui, il y a près de quarante ans, a eu l’audace de créer un marché devenu une institution locale. Pour l’occasion, la musique au son chaleureux du ukulélé résonnera dans tout le village, accompagnée de danses tahitiennes qui apporteront une touche d’exotisme et de grâce.
Un concours culinaire viendra pimenter la matinée : les plats concoctés par les exposants seront goûtés et notés par les visiteurs eux-mêmes. Chacun pourra ainsi élire son coup de cœur gastronomique. Sur le deck aménagé pour l’occasion, il sera possible de déguster un repas tout en profitant de la vue imprenable sur les collines verdoyantes qui entourent Farino.
L’héritage d’une pionnière
Le marché de Farino n’est pas un marché comme les autres : il est le fruit d’une vision et d’une volonté. En 1987, Éliane Obry, épouse Fogliani, décide de créer un espace où producteurs, artisans et habitants se rencontrent autour de leur passion commune : la qualité des produits locaux.
Les débuts sont modestes : seulement sept stands pour la première édition. Mais le succès est immédiat. Les habitants de Nouméa, La Foa, Sarraméa, Houaïlou et même des tribus les plus éloignées affluent pour participer. Consciente que la distance et le manque de moyens de transport pouvaient freiner certains exposants, Mamie Fogliani met en place un système ingénieux : les camions de transport communal vont chercher les producteurs dans les communes voisines, avec leurs marchandises.
Elle peut compter sur le soutien indéfectible de sa fille, Ghislaine Arlie, qui deviendra plus tard maire de Farino, mais aussi sur des figures locales comme Philippe Euritein, président du marché de Bâ (Houaïlou) et vice-président du marché de Farino, ainsi que sur les maires de Farino et de La Foa. Tous unissent leurs forces pour structurer un événement qui, dès ses débuts, dépasse le simple cadre commercial.
À cette époque, chaque participant apporte sa spécialité : les Européens proposent confitures, pâtisseries, liqueurs, tandis que les Kanaks offrent ignames, taros, cocos et bougnas fumants. Au-delà de la vente, le marché devient un lieu de partage : on y mange ensemble, on échange des recettes, on se raconte des histoires. C’est cet esprit de convivialité qui fera la renommée de Farino bien au-delà de ses frontières.
De sept stands à quatre-vingts exposants
L’évolution du marché est spectaculaire. De ses sept stands d’origine en 1987, il atteint quatre-vingts exposants dans les années 2020. Cette croissance ne s’explique pas seulement par l’augmentation de l’offre, mais par la fidélité des exposants et la réputation d’excellence que le marché a su bâtir.
Chaque deuxième dimanche du mois, la petite commune devient un carrefour bouillonnant où se croisent touristes étrangers, familles calédoniennes et habitants des alentours. Les produits, toujours préparés avec soin et passion, sont le reflet d’une identité culinaire et artisanale forte.
Le marché de Farino n’a pas seulement dynamisé la vie locale : il a transformé la commune en destination touristique incontournable. Sa réussite a inspiré d’autres villages à développer des initiatives similaires, mais peu ont su égaler la combinaison unique de qualité des produits, d’accueil chaleureux et de cadre naturel exceptionnel que l’on trouve à Farino.
La disparition de Mamie Fogliani le 1er août 2020 a été un choc pour tous ceux qui avaient connu sa générosité et son énergie. Mais son héritage perdure à travers chaque stand, chaque sourire d’exposant et chaque rencontre au marché. Ce dimanche, en venant à Farino, c’est un peu à elle que l’on viendra rendre visite.